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inséparables de la position qui fait ses membres jugés, se considère comme obligée à faire les courtes observations suivantes, relativement à cette cause :

1° Quoique des personnes religieuses, dont les sentimens religieux souffrent réellement, puissent justement se sentir obligées à se présenter comme témoins dans un tel procès, cependant il ne convient pas que des personnes religieuses recrutent, à prix d’argent, des témoins pour se mêler au culte des autres dans un dessein d’espionnage…

2° La Cour n’a pas seulement senti profondément l’incongruité des enquêtes minutieuses et des disputes sur les grands sujets sacrés, mais elle désire exprimer son sentiment qu’aussi bien ceux qui blessent les autres que ceux qui se blessent sans raison dans de telles matières, distrayent ainsi l’attention et le temps qui devraient être employés à la vraie lutte de l’Église contre le mal et à son effort pour édifier le bien.

3° Le Jugement apostolique quant aux autres matières de rituel, s’applique proprement à celles-ci : à savoir que les choses qui ont dû être jugées légales, ne deviennent pas, pour cette raison, opportunes.

4° Le culte public est une des Institutions divines qui sont l’héritage de l’Église, pour l’union fraternelle de l’humanité. C’est, pourquoi l’Église a le droit de demander que ses congrégations ne soient pas divisées, soit en voulant appliquer sans nécessité des pratiques qui ne sont pas en elles-mêmes illégales, soit en témoignant à ce sujet des suspicions exagérées. L’un et l’autre esprit est en fâcheuse contradiction avec le profond et large désir qui doit prévaloir, d’une mutuelle entente. Les membres du clergé sont qualifiés pour suggérer et entretenir cet instinct divin qui s’attache aux choses qui servent à la paix et à celles avec lesquelles on s’édifie l’un l’autre.


La lecture du jugement fut bien accueillie ; à un moment même, des applaudissemens éclatèrent, aussitôt réprimés par l’archevêque. A la réflexion, cette impression favorable se confirma. Les modérés de tous les camps approuvèrent une décision visiblement inspirée par un désir de paix, en dehors de tout esprit de parti. Sir Richard Webster, attorney général, écrivait : « Cette décision n’est pas seulement rédigée de main de maître et concluante pour les hommes d’intelligence droite, mais l’esprit de paix et de tolérance chrétienne qui se fait sentir dans le ton du morceau tout entier ne peut qu’avoir une grande influence pour le bien de notre Eglise[1]. »

Chez les High churchmen, si l’on regrettait d’être contredit sur certains détails, l’impression dominante était la satisfaction[2]. Church, malade, qui avait suivi le procès avec une véritable angoisse, et qui avait écrit à son beau-fils : « Cet horrible Lambeth trial me hante, » se sentait soulagé. « C’est la chose la plus

  1. Life of Benson, t. II, p. 370.
  2. Ibid., t. II, p. 366.