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œuvre de paix dans l’Église. Quand je pense aux jours du Public worship regulation Act, je puis à peine croire que ce soit le même homme[1]. »

L’archevêque ne s’en tint pas à des déclarations publiques ou privées. Il résolut de demander au gouvernement : 1° de faire voter un bill accordant force législative ou quasi législative aux décisions que la Convocation pourrait prendre sur les questions rituelles ; 2° dénommer une commission royale d’enquête sur la législation des cours de justice en matière ecclésiastique. Il se flattait, d’une part, que les Ritualistes n’opposeraient plus la même résistance à une réglementation émanant d’une autorité purement ecclésiastique, d’autre part, qu’ils verraient, dans la nomination de la commission, la preuve qu’on avait égard à leurs réclamations. Cette double démarche n’avait pas dû être sans lui coûter ; par la première, il désavouait son ancienne politique érastienne qui avait toujours tendu à annuler la Convocation au profit du Parlement ; par la seconde, il reconnaissait implicitement que le Public worship regulation Act n’avait pas résolu d’une façon satisfaisante le problème de la judicature ecclésiastique.

Le ministère, sans le concours duquel rien ne pouvait être tenté, fit objection à la première des demandes du primat ; bien que son chef, M. Gladstone, fût personnellement favorable à l’indépendance de l’Église, il n’osait proposer une loi où le Parlement verrait un affaiblissement de la suprématie civile en matière religieuse. Il accueillit, au contraire, favorablement l’idée de la commission d’enquête, non qu’il s’attendît à lui voir faire une besogne bien effective, mais il comptait qu’il en résulterait, sur le moment, pour les mécontens, un espoir qui les apaiserait, et, pour les fauteurs de poursuite, une indication qui les découragerait d’en ouvrir de nouvelles[2]. Tait présenta donc, en mars 1881, à la Chambre des lords, une motion à cet effet, qui fut adoptée. La commission d’enquête fut instituée sans retard. L’archevêque, appelé à la présider, se mit aussitôt à l’œuvre, d’autant plus pressé d’aboutir qu’il se sentait atteint par une maladie qui menaçait de ne pas lui laisser beaucoup de temps devant lui[3].

  1. Life of Pusey, t. IV, p. 364.
  2. Life of Tait, t. II, p. 431, 437 à 444.
  3. Cette commission ne devait aboutir à aucun résultat. Après la mort de Tait, survenue peu après, elle continua ses travaux et adopta, en août 1883, un rapport assez bien accueilli du High Church. Le successeur de Tait, l’archevêque Benson, songea alors à présenter au Parlement un bill réalisant quelques-uns des vœux du rapport. Il dut y renoncer, à cause de la division et de l’apathie de ses collègues de l’épiscopat. (Life of Benson, par A. C. Benson, t. II, p. 47 à 48, 67 et 68.)