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cent quarante catholiques du Congrès votèrent unanimement en faveur de l’article 6 de la Constitution qui proscrit à jamais toute distinction d’ordres.

« Renonçant loyalement et sans arrière-pensée aux privilèges dont ils jouissaient sous l’ancien régime, ils s’unirent à toutes les nuances du libéralisme pour proclamer la liberté absolue des cultes dissidens et la liberté illimitée de la presse.

« Ils mirent au nombre des garanties constitutionnelles une disposition portant que nul ne peut être contraint d’observer les jours de repos prescrits par la loi religieuse.

« Ils décrétèrent l’égalité des catholiques, des protestans et des juifs devant la loi civile, et ils les déclarèrent tous admissibles aux emplois publics.

« Ils ne songèrent pas un instant à réclamer une dotation immobilière pour les ministres de leur culte.

« Ils songèrent moins encore à revendiquer le droit de censure que le clergé avait exercé pendant plus de deux siècles sur toutes les productions de l’esprit humain.

« Ils votèrent pour la liberté absolue des opinions politiques, philosophiques et religieuses[1]… »

Le prince de Méan, archevêque de Malines et ancien souverain de la principauté de Liège, associait solennellement le clergé belge à l’œuvre du Congrès.

« Les catholiques, écrivait aux députés le primat de Belgique, forment la presque-totalité de la nation que vous êtes appelés à représenter et à rendre heureuse. Ils se sont constamment distingués par un dévouement sincère au bonheur de leur patrie, et c’est à ce double titre que je réclame en leur faveur la protection et la bienveillance de votre assemblée.

« En vous exposant leurs besoins et leurs droits je n’entends demander pour eux aucun privilège. Une parfaite liberté avec toutes ses conséquences, tel est l’unique objet de leurs vœux, tel est l’avantage qu’ils veulent partager avec leurs concitoyens. »

Indiquant la nécessité de rompre avec le précédent régime en soustrayant les exercices religieux aux mesures de police préventives, le prélat ajoutait : « Si, à l’occasion ou au moyen du culte, des abus se commettent, les tribunaux doivent en poursuivre les auteurs ; mais il serait injuste d’interdire le culte

  1. Thonissen, p. XIV.