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d’ossemens de vautours, les restes du Percnoptère, espèce très commune de nos jours ; ceux du vautour jaune qu’on voit partout dépecer les animaux morts déposés sur les délaissés du Nil ; et ceux de l’énorme Otogyps auriculaire dont l’envergure mesure ; près de six pieds. Cet animal paraît actuellement rare en Égypte ; je ne l’ai vu que deux fois sur le Nil Bleu dans les environs de Khartoum. Il a un bec fort comme celui du condor, et son crâne absolument chauve a un diamètre de près de dix centimètres. Il est impossible de deviner pour quelle raison tous ces restes de vautours ont été ensevelis dans la tombe de Zaouiet el Aryan.

Les ibis sacrés, momifiés en nombre immense dans toute l’Égypte, sont entourés de fines bandelettes formant des losanges élégans de teintes différentes. Beaucoup de ces momies isolées sont fausses. Lorsqu’on les déroule, on trouve des plumes de pigeons recouvrant un fragment de brique, tandis que la tête, factice aussi, est modelée en chiffons enroulés présentant les deux yeux dessinés à l’encre noire et portant en avant un long morceau de roseau figurant le bec de l’oiseau appliqué contre la région ventrale. Dans d’autres localités, les corps de plusieurs de ces ibis, simplement trempés dans une solution de mitron résineux, ont été enfermés dans de grandes jarres, d’une forme particulière, en terre rougeâtre, grossièrement tournées et fermées par une couche de plâtre très habilement appliquée. Dans certaines galeries, à Sakkara par exemple, ces pots placés les uns à côté des autres en nombreuses couches superposées, remplissent par milliers de longues galeries. Quelques-uns de ces vases renferment exclusivement des œufs d’ibis encore très bien conservés. L’examen attentif d’un très grand nombre d’ossemens nous a fait voir que l’ibis actuel, qui ne se trouve plus que sur le Nil Bleu du côté de l’Abyssinie et sur le Nil Blanc dans la région de Fachoda, a les tarses bien moins longs que ceux de l’ibis antique. On peut croire que cette modification anatomique importante est due à des conditions d’existence spéciales. Peut-être le grand développement des membres postérieurs chez l’ibis ancien était-il dû au genre de vie de cet oiseau dans l’Égypte Pharaonique où cet animal se multipliait librement et on grand nombre, respecté des habitans. Confiant dans la sécurité complète dont il jouissait, il nichait jusque dans les villes et trouvait une nourriture facile sur les bords des canaux et des lacs. L’ibis parait s’être peu à peu habitué à cette vie et a dû rester très