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est débarrassé de son enveloppe, il apparaît les ailes serrées contre le corps, les pattes allongées. D’autres fois, les torses étant repliés sur les jambes, les doigts se trouvent ramenés au niveau du sternum entre le corps et les ailes. Souvent les oiseaux rapaces, au nombre de vingt à quarante individus, sont momifiés en formant une masse compacte. Ils sont alors serrés les uns contre les autres, solidement collés par une sauce bitumineuse appliquée à chaud, et disposés en énormes fuseaux longs d’un mètre et demi environ. Les plumes, quoique tachées par le bitume, sont toujours très bien conservées. Ordinairement au milieu de ce fuseau se trouve un oiseau d’un autre ordre, une hirondelle accompagnée d’une dent de crocodile. La plupart des squelettes de ces animaux, montés avec le plus grand soin, ont pu être comparés à ceux des espèces congénères de l’époque actuelle. Le résultat de cette confrontation a été absolument négatif au point de vue d’un changement morphologique dans le système osseux. Ces espèces ressemblent entièrement à celles qui vivent encore en Égypte et qui, à certaines époques de l’année, apparaissent en grand nombre dans les plaines cultivées ou sur les rochers des déserts. On peut se demander par quels procédés les Egyptiens réussissaient à se procurer tant d’oiseaux rapaces diurnes ou nocturnes, dont les différentes espèces, toujours extrêmement sauvages, se laissent approcher si difficilement. Quelques-uns ont pu être tués avec de courts bâtons courbes, lancés avec force, sorte de boomerangs, presque semblables à ceux dont se servent les Australiens : des blessures profondes, ainsi que des fractures faciles à constater en font foi. D’autres étaient probablement pris avec des filets ou des pièges très ingénieux qui sont souvent figurés dans les tombes. Récemment nous avons reçu un envoi très intéressant de M. Maspero. Il consiste en un nombre considérable d’ossemens de vautours, provenant de cinquante individus au moins, trouvés dans un tombeau très ancien, découvert à Zaouiet el Aryan, non loin de Sakkara. Ces os étaient placés à côté de vases en albâtre très grossièrement travaillés. Ils ne provenaient pas d’animaux momifiés, mais ils avaient été certainement extraits d’oiseaux ayant été enterrés et dont les chairs tombées en putréfaction ont laissé les squelettes désarticulés, mais parfaitement propres. Ceux-ci n’ont pas été badigeonnés de bitume, ni trempés dans la solution antiseptique de natron résineux. Nous avons pu reconnaître, dans ce mélange