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que nous avons entre les mains, que les différentes pièces du corps et des membres, ont été badigeonnées avec du bitume étendu par de larges coups de pinceau et irrégulièrement distribuées. « Les égyptiens font aux bœufs morts des funérailles de la manière suivante : ils jettent les femelles dans le fleuve, et ils inhument les mâles dans leurs faubourgs, laissant passer hors de terre une corne ou deux comme monument indicateur. Quand la putréfaction est complète, et que le temps prescrit est écoulé, un bateau arrive pour prendre les squelettes que l’on enterre tous au même endroit. » A Sakkara et à Abousir, lieux de sépulture pour les bœufs, ces squelettes, entourés de nombreuses bandelettes, présentent la forme d’un bœuf vivant, la tête haute, les jambes de devant repliées sous le ventre ainsi que celles de derrière. C’est la position des énormes taureaux de marbre qui couronnent les hautes colonnes de Suze. Un seul animal n’est pas renfermé dans une de ces momies factices, qui contient ordinairement les ossemens plus ou moins complets de cinq à huit individus. Ainsi se trouvent absolument confirmées les affirmations d’Hérodote.

Le bœuf Apis, à sa mort, est toujours momifié séparément et sa momie est facilement reconnaissable au triangle isocèle en toile brune, cousu sur les bandelettes recouvrant la région frontale. Les lieux de sépulture où l’on ensevelissait les restes des bœufs mâles étaient nombreux, car on rencontre un peu partout des cimetières à l’usage de ces animaux renfermant une immense quantité de momies entassées dans de longues galeries creusées à l’extrémité de puits profonds. Les principales de ces nécropoles sont très certainement celles de Sakkara et d’Abousir où les premiers voyageurs qui ont exploré cette région ont vu d’innombrables momies qui, malheureusement, ont été souvent recueillies pour le service des raffineries de sucre. A côté de ces tombes des bœufs vulgaires se trouvaient les Serapeum où étaient ensevelis avec de grands honneurs les restes des Apis sacrés, honorés surtout à Memphis. Les bœufs Apis, comme on le sait par Hérodote, étaient de couleur noire avec des taches blanches disposées régulièrement. Ils avaient sur le front un triangle blanc, et du côté droit, une autre tâche en forme de croissant. Les taureaux sacrés, de couleur claire, appelés Mnœvis étaient voués à l’Atoum ou soleil couchant, dieu d’Héliopolis près du Caire. Les nécropoles bovines de cette