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LES MOMIES ANIMALES
DE
L’ANCIENNE EGYPTE

Entre toutes les contrées formant le bassin oriental de la Méditerranée et qui constituent le centre privilégié où sont nées les civilisations antiques les plus importantes, l’Egypte se présente comme un monde unique, avec ses coutumes et ses usages qui ne se retrouvent nulle part ailleurs : pays captivant, attachant, forçant le voyageur à revenir, confirmant, de nos jours encore, cet ancien dicton : « Lorsqu’il a bu l’eau du Nil, l’étranger ne saurait en oublier la séduisante douceur. » A peine est-il revenu dans les contrées brumeuses du Nord, il ne peut s’empêcher de rêver constamment à cette merveilleuse contrée. Il revoit, par la pensée, le spectacle magique qui se renouvelle tous les soirs, lorsque le soleil, le grand dieu Râ des Egyptiens, disparaît à l’occident, dans les déserts de la Libye, dans une gloire, que nulle plume ne saurait décrire, et dont les traînées lumineuses, semblables à de l’or en fusion, éclairent le ciel jusqu’au milieu de la nuit.

Dans cette région bénie entre toutes, le soleil est étincelant, le firmament toujours d’un bleu pâle, diaphane même pendant l’obscurité, toujours éclairé en dessous par les reflets des déserts immenses. Grâce à sa transparence, il se constelle de myriades d’étoiles qui brillent d’un éclat extraordinaire ; au milieu de ces mondes de diamans, Canope, l’étoile aimée des anciens Egyptiens, laissant tomber sur le Nil des traînées d’argent, semble guider vers le Sud, pendant les semaines d’une navigation