Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 27.djvu/319

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’Angleterre, une tempête dont nous ne verrons pas la fin avant longtemps[1]. »

Pusey ne se contenta pas de protester par lettres privées à l’archevêque. Il lui parut nécessaire de faire savoir au public que, dans la bataille engagée, les défenseurs de la confession ne baissaient pas pavillon. Dans ce dessein, et pour remplacer le livre dénoncé et flétri, il reprit et mit au point sa propre adaptation du Manuel de Gaume qu’il avait commencée dix ans auparavant et qu’il regrettait d’avoir laissée en souffrance. A la fin de décembre 1877, il la faisait paraître, sous forme d’ « Avis pour entendre les confessions, » avec une longue préface historique et apologétique. Il s’était préoccupé, dans son adapta-lion, d’élaguer ce qui était dévotion trop exclusivement romaine, mais il entendait bien avoir conservé la substance du Manuel français, où il se félicitait de retrouver les paroles mêmes d’hommes tels que saint Charles Borromée et saint François de Sales[2].


V

Les révélations faites sur les progrès de la confession parmi les Ritualistes, servaient naturellement d’argument à ceux qui les accusaient d’engager leurs adeptes dans une voie qui les conduisait à Rome. A vrai dire, l’accusation n’était pas sans fondement. En appelant l’attention sur ce qui manquait à l’intégrité doctrinale ou à l’indépendance de l’Eglise anglicane, ne suscitait-on pas, dans les âmes, un sentiment de malaise et de trouble, ne les portait-on pas à se tourner vers l’Eglise qui ne méritait pas le même reproche ? En les familiarisant avec les idées, les pratiques, les dévotions, les livres et même avec les gestes, les costumes, les décors du catholicisme, n’éveillait-on pas des attraits qui ne pouvaient être pleinement satisfaits que dans la communion romaine ? Aussi, en fait, plusieurs avaient-ils été amenés, par des chemins plus ou moins rapides et directs, à quitter une Eglise pour l’autre. Tel avait été, entre beaucoup, le cas, dès le début du Mouvement, en 1867, d’un des apôtres des quartiers populaires de Londres, le Rev. Tuke, et, à sa suite, de tout un couvent de religieuses très ferventes, établies sur la paroisse de

  1. Life of Tait, t. II, p. 183.
  2. Life of Pusey, t. IV. p. 303 à 306.