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rituelles accoutumées, il déclara, en prenant toujours à partie son évêque, « ne pas reconnaître l’autorité d’une loi qui n’avait jamais été acceptée par l’Eglise. » « Les évêques, ajoutait-il, ont renoncé au droit d’avoir des tribunaux et ont abdiqué leurs fonctions judiciaires. C’est là un abus de confiance dirigé contre la vie sociale de l’Eglise en Angleterre, dont les évêques sont seuls responsables et dans lequel le clergé inférieur n’a point de part. Aussi, maintenant que les difficultés commencent à se faire sentir, les évêques ne réussiront pas à transférer notre obéissance canonique à une autorité séculière et nouvelle. » Il annonçait son intention de ne point se défendre et sa « résolution de ne pas obéir s’il était condamné[1]. » Les paroissiens se déclaraient en masse d’accord avec leur vicar. L’évêque se borna à répondre, en invoquant l’obligation d’obéir à la loi[2], et lord Penzance, par jugement en date du 2 décembre 1876, condamna le Rev. Tooth à une suspension de trois mois. Les paroissiens, s’unissant à la protestation du vicar, refusèrent de recevoir le clergyman délégué par l’évêque pour remplacer le ministre suspendu, et le Rev. Tooth continua son ministère, comme si rien n’était survenu. Dans un meeting du 7 décembre, l’English Church Union votait, aux acclamations d’une nombreuse assistance, les deux résolutions suivantes, dont la première était présentée par le docteur Phillimore, chancelier de la cathédrale de Lincoln :


1° Le meeting déclare qu’à son avis toute sentence de suspension, prononcée par la Cour, en vertu du P. W. H. A., est spirituellement nulle et sans valeur. C’est pourquoi tout prêtre qui croirait de son devoir de continuer à s’acquitter de ses fonctions, malgré une pareille sentence, peut compter sur la sympathie de ce meeting, ainsi que sur son assistance, autant que les circonstances le permettront.

2° Le meeting, plein de sympathies pour le Rev. Tooth, se déclare satisfait de la ligne de conduite qu’il a adoptée,… et s’engage à lui prêter tout l’appui dont il dispose[3].


La Church Association, fort irritée, mobilisa la populace des quartiers voisins ; plusieurs dimanches de suite, en décembre 1876 et janvier 1877, l’église d’Hatcham fut assiégée par l’émeute. En même temps, le ministre rebelle, cité de nouveau devant lord

  1. Lettres des 11 et 22 mars 1876 (Ibid.).
  2. Lettre du 17 mars 1876 (Ibid.)
  3. History of the E. C. U., p. 186, 187.