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d’Oxford, devenu depuis 1870, évêque de Winchester, avait, en plus d’une circonstance, fait prévaloir, contre Tait, des idées issues du Mouvement d’Oxford ; il se faisait, des droits de l’Hglise et de la mission de l’évêque, une idée plus haute que celle qui avait cours avant lui, idée absolument contraire aux thèses érastiennes du primat. Il ne se fût évidemment pas prêté à provoquer l’intervention du Parlement dans les difficultés religieuses. Lui disparu, personne ne se rencontra, dans l’épiscopat, pour faire échec à Tait, et quand celui-ci, dans les premiers jours de janvier 1874, soumit à ses collègues du Bench, le projet qu’il avait préparé d’accord avec l’archevêque d’York et qu’il comptait déposer à la Chambre des lords, au nom de tous les évêques, il ne rencontra à peu près aucune opposition[1].

Ce projet s’appliquait seulement aux poursuites pour « irrégularité rituelle, » non pour fixer ce qui constituait cette irrégularité, mais pour rendre la procédure plus simple, plus efficace et moins dispendieuse. D’après ses dispositions, les poursuites pouvaient être entreprises par un churchwarden ou par trois paroissiens se disant lésés. L’évêque était investi d’un droit de veto pour arrêter les procès abusifs. Le projet limitait à deux les degrés de juridiction, auparavant si compliqués : pour le premier, il créait un tribunal nouveau, le conseil diocésain, présidé par l’évêque ; pour la décision en dernier ressort, il n’innovait pas et la laissait au Comité judiciaire du Conseil privé. Tait, en effet, n’était pas de ceux qui avaient objection à voir une cour civile exercer l’arbitrage suprême dans les procès ecclésiastiques.

Les circonstances politiques se trouvèrent aider au dessein de Tait. Le 17 février 1874, Gladstone qui était premier ministre depuis 1808 et qui se serait difficilement associé à une mesure de combat contre un parti religieux, particulièrement contre les Ritualistes, fut contraint de se démettre, après des élections malheureuses. Il fut remplacé par Disraeli, dont la politique ecclésiastique se pliait volontiers aux exigences de la tactique parlementaire[2]. Tait vit, dans ce changement de cabinet, un

  1. Sur ces faits et sur ceux qui vont suivre jusqu’au vote du Bill, cf. Life of Tait, t. II, p. 186 à 235 ; Life of Pusey. t. IV, p. 272 à 282 ; Memorials personal and political, par Roundell, earl of Selborne, vol. I, p. 337 à 354 ; Life of Shaftesbury, p. 682 à 684.
  2. C’était Disraeli qui, à la fin du 1868, avait nommé Tait au siège primatial de Canterbury.