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À ce procédé très simple, mais qui exige l’intervention plus ou moins attentive du personnel du train, les compagnies [en ont préféré un autre qu’elles ont trouvé plus pratique. Elles ont installé dans les tunnels dei Govi de puissans ventilateurs qui renouvellent activement l’atmosphère souterraine et assurent également bien la protection du personnel.


Il n’est pas douteux que quelques-uns de ces moyens perfectionnés seront appliqués lors de la mise en exploitation prochaine de la ligne du Simplon. Ils y seront particulièrement nécessaires, parce qu’en effet les difficultés d’aération et de rafraîchissement y seront plus grandes que sur toute autre, en raison de son étendue et de sa profondeur souterraine. La longueur du tunnel atteint, en effet, près de 20 kilomètres, dépassant de 8 kilomètres la galerie du Mont-Cenis et de 5 kilomètres celle du Saint-Gothard. D’autre part, il attaque le massif montagneux des Alpes à 600 mètres plus bas que la percée du Mont-Cenis, à 450 mètres au-dessous de celle du Saint-Gothard. La température, qui s’accroît, comme on sait, en raison de la profondeur comptée de la surface, y sera donc plus élevée que dans les tunnels précédens. Pendant le percement, elle aurait atteint des proportions intolérables, s’il n’y avait été avisé par des moyens à la fois ingénieux et puissans. A 6 kilomètres à partir du front d’attaque Nord, la température était déjà de 40° : au kilomètre 8, elle était de 55° ; on prévoyait des élévations de 60°, et même de 65°. Mais, fait curieux et encore inexpliqué ! ces prévisions fondées sur les lois connues ont été démenties par l’expérience. La température ne s’est pas accrue, à mesure que l’on s’avançait. Les difficultés créées par réchauffement de l’air, tout en restant moindres que l’on n’avait pu le craindre, n’en restent pas moins très considérables. La viciation de l’air y ajoutera les siennes. Mais, d’autre part, la direction de l’entreprise saura profiter des études que nous venons de résumer. En tenant compte de ces enseignemens, elle assurera aux voyageurs des conditions meilleures que les entreprises précédentes, comme elle a réussi à en assurer de meilleures aux ouvriers qui ont été employés au percement et à la construction. Désormais, la santé et la vie des hommes qui sont employés dans les galeries souterraines, et à plus forte raison des voyageurs qui les parcourent, sont mises à l’abri de tout accident.


A. DASTRE.