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L’Angleterre a supprimé le danger que lui pouvait faire courir une des nouvelles marines, en contractant, en 1902, une alliance avec le Japon. La guerre russo-japonaise de 1904 a annihilé pour moitié une autre de ces nouvelles marines, celle de la Russie. Il reste la flotte française, encore la première parmi les rivales de la force britannique, la marine américaine dont l’accroissement se poursuit avec une merveilleuse rapidité, et plus près, tout près, la marine allemande, admirable machine de précision, merveille de mécanisme et de science, qui se développe méthodiquement d’année en année, et dont les élémens demeurent tapis, en état de préparation complète, dans des ports situés à quelques journées des côtes de l’Angleterre.

La Grande-Bretagne aura-t-elle un jour à lutter contre deux ou contre trois de ces puissances à la fois ? C’est le secret de l’avenir. Dès maintenant, et d’une façon continue, il faut que les flottes anglaises soient prêtes à faire face au péril le plus grand, et pour cela, à porter des coups décisifs, immédiats. De là cette tension constante de la pensée britannique vers la grandeur, la puissance, l’efficacité de la flotte, le grossissement énorme du budget naval en l’espace de quinze années, la continuité de la politique maritime sous le gouvernement des libéraux comme sous la direction conservatrice.

La besogne confiée par le pays aux trois derniers ministres de la marine a été bien faite. L’Angleterre possède aujourd’hui assez de cuirassés, assez de croiseurs cuirassés, de croiseurs protégés, et de croiseurs éclaireurs (scouts), assez de destroyers de haute mer ou côtiers, assez de sous-marins, pour que la marine puisse