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ritualistes adressèrent à la Convocation de la province de Canterbury une pétition où, arguant « de l’usage de plus en plus répandu de la confession sacramentelle, » ils invitaient « la très révérende Chambre à examiner s’il ne conviendrait pas de pourvoir à l’éducation, au choix et à l’institution de confesseurs dûment qualifiés, en accord avec les prévisions de la loi canonique. » Quels motifs avaient déterminé les pétitionnaires ? Voulaient-ils répondre par une sorte de bravade aux démonstrations de leurs adversaires ? Ou bien était-ce seulement souci de remédier aux inconvéniens, très réels en effet, du défaut de préparation des confesseurs ? Quoi qu’il en soit, l’effet produit dépassa sûrement leur attente. Les protestans furent à la fois stupéfaits et indignés de voir présenter la confession comme une pratique admise dont il ne s’agissait plus que de régler les détails d’exécution[1]. Il ne leur sembla pas être seulement en face d’une erreur à combattre, mais d’une insolence à châtier. Parmi les Ritualistes eux-mêmes, beaucoup et des plus graves n’avaient pas signé la pétition des 483, et s’ils consentaient à reconnaître que cette démarche était crâne, ils ne la jugeaient ni adroite ni prudente ; un de leurs journaux y appliquait le mot prononcé à l’occasion de la charge de Balaklava, au début de la guerre de Crimée : « C’est magnifique, mais ce n’est pas la guerre. »

Des évêques auxquels ils s’adressaient, les pétitionnaires n’avaient rien à espérer. Les prélats, qui s’étaient déjà expliqués sur ce sujet, n’avaient pas caché leur hostilité. Celui même d’entre eux qui était le plus favorable aux idées High Church, Wilberforce, avait souvent reproché à ceux qui pratiquaient la confession, d’imiter plus ou moins les habitudes romaines[2]. Aussi la Chambre haute de la Convocation, dès qu’elle fut saisie de la pétition, témoigna-t-elle de son mauvais vouloir, et le primat, Tait, put-il, sans soulever de contradiction, faire tout d’abord cette déclaration : « Je suis heureux de savoir que tous

  1. Sur toute l’agitation qui va suivre, cf. Life of Tait, t. II, p. 163 à 170 ; Life of Pusey, t. IV, p. 261 à 270, Life of Wilberforce, t. III, p. 418 à 420, Life of Shaftesbury, p. 678, 679.
  2. Parfois cependant, dans ses entretiens particuliers, Wilberforce paraissait encourager ses jeunes clergymen à user de la confession, qu’il laissait pratiquer dans son collège théologique de Cuddesdon. Quelques personnes n’ont pas cru pouvoir expliquer ce double langage à l’honneur du prélat. Cf. L’Ame anglicane, par M. Chapman, ministre anglican converti, traduction du P. Ragey, p. 122 à 125 et 129 à 135.