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l’attention des questions d’autel, de surplis et de cierges, d’autant que ceux qui avaient été naguère les plus ardens adversaires de ces nouveautés cérémonielles, les Low-churchmen, n’étaient pas maintenant les moins animés contre le Broad Church, et, que, dans cette nouvelle campagne, ils se trouvaient être les alliés de leurs ennemis de la veille, les High-churchmen. Ces motifs divers expliquent comment, après 1860, l’apaisement s’était fait momentanément autour du Ritualisme et comment celui-ci put continuer quelque temps à se développer silencieusement, sans soulever d’émeute ni de procès.


III

Cette trêve ne devait durer qu’un temps. Les témérités bibliques du Broad Church ne pouvaient toujours absorber l’attention du monde religieux. Aussi bien, en 1864 et 1865, les cours de justice, d’une part, les évêques, de l’autre, s’étaient prononcés sur les questions soulevées par les Essays and Reviews et par le livre de Colenso. Le débat était sinon tranché, du moins épuisé, et, sur ce sujet, se produisait, dans les esprits, à défaut d’apaisement, une sorte de lassitude. Dès lors, il n’y avait plus de raison d’être à l’alliance momentanée qui s’était faite entre le High Church et le Low Church, et celui-ci, redevenu libre de suivre sa tendance naturelle, recommençait à exercer sa vigilance, non plus contre ceux qu’il jugeait n’être pas assez chrétiens, mais contre ceux qui lui paraissaient être trop catholiques.

Ce qu’il voyait de ce côté était de nature à l’émouvoir. Des témoignages contemporains nous informent sur ce qui se passait, en 1866, dans les églises ritualistes. Pour l’ordre des offices, on s’inspirait des souvenirs d’avant la Réforme ou des rites actuels de l’Eglise romaine. Cela était vrai surtout du service eucharistique, où l’on remettait en usage la chasuble, l’aube, l’étole, le manipule, l’amict, les cinq couleurs canoniques, les positions et les gestes prescrits par les anciennes rubriques, les prières du missel romain, en un mot le cérémonial de la messe[1]. On se servait de crucifix, d’images de saints, parfois d’eau bénite. La confession était remise en honneur à la veille des fêtes, les ministres étaient parfois obligés de passer la nuit à entendre les

  1. Aussi l’une des accusations habituelles contre les Ritualistes était-elle qu’ils transformaient les temples en Mass-houses.