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in the East, dans l’un des quartiers les plus misérables de Londres, des troubles dont, neuf ans auparavant, S. Barnabas avait été le théâtre. Les protestans, irrités des innovations du vicar qui avait notamment installé un chœur pour le chant des psaumes et inauguré les vêtemens eucharistiques, avaient mis en mouvement la populace du quartier, secondés du reste par les cabaretiers que le zèle du clergé inquiétait sur la conservation de leur clientèle. Chaque dimanche, des désordres prémédités et organisés venaient interrompre le culte : cris, sifflets, tapage de tout genre, bouffonneries outrageantes, coussins jetés du haut des galeries, peaux d’orange et morceaux de pain lancés contre l’autel ou la table de communion, bousculades dirigées contre les membres du clergé. Sous les yeux de la police impuissante, ces désordres se prolongèrent, avec quelques intermittences, pendant près d’une année. Le Parlement s’en occupa à plusieurs reprises, en 1860. Tous les efforts de pacification, tentés par l’évêque ou par d’autres personnages, échouèrent. Le calme ne se rétablit que le jour où le vicar, découragé, consentit à échanger sa cure pour une autre à la campagne[1]. Il semblait que ce fût une victoire pour le parti protestant et une défaite pour le Ritualisme. L’effet d’opinion fut tout autre. L’infamie des moyens employés suscita, non seulement sur place, mais dans le pays entier, et jusque chez des hommes d’opinions fort opposées, comme lord Brougham et le doyen Stanley[2], un mouvement de sympathie en faveur du vicar et de son clergé. Pour la première fois, les Ritualistes se trouvaient être presque populaires.

Aussi, dans les années qui suivent, ne semble-t-il plus que personne soit bien empressé de se porter accusateur public des Ritualistes, de les dénoncer aux violences de la foule ou aux rigueurs des autorités. De cette abstention, il était d’ailleurs une autre cause. On sait quelle tempête souleva, en 1860, la publication des Essays and Reviews, les polémiques et les procès qui s’ensuivirent et qui passionnèrent, pendant cinq ou six années, le monde religieux[3]. Ce fut une diversion qui détourna

  1. Ces événemens ont été racontés, sur le moment même, par le vicar, le rev. Bryan Ring : Sacrilege and Its Encouragement (1800). Cf. aussi, Life of Tait, t. I, p. 228, The Romeward movement, p. 405 à 408, Life and Correspondence of Stanley, par Prothero, t. II, p. 25 à 30.
  2. A. H. Mackonochie. A memoir, p. 63.
  3. Voyez dans la livraison du 1er mai 1903, l’article sur les Débuts du Broad Church.