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tenté de rétablir l’antique solennité des rites, des attitudes, des gestes, des ornemens et des costumes, pour affirmer la foi retrouvée et pour effacer le scandale de la négation pratique qui s’était si longtemps affichée dans le culte anglican ?

Les Tractariens avaient eu, dès l’origine, l’intuition de cette révolution rituelle et liturgique. « Je considérais, a écrit Newman, que l’Eglise anglicane devait avoir un cérémonial, un rituel, une plénitude de doctrine et de dévotion qu’elle n’avait pas[1]. » Koble, en 1839. dans la préface de la seconde partie des Remains de Froude, notait que l’auteur de ces Remains « appréciait très sérieusement, dans le service divin, l’importance de ces arrangemens qui tendent le plus à rappeler à l’adorateur que la maison de Dieu est une maison de prière et de sacrifice spirituel, non de simple enseignement. » Il se félicitait de voir, autour de lui, dans « les nouveaux aménagemens intérieurs des églises, » le signe que ces idées étaient en progrès et rencontraient des sympathies[2]. Pusey, en réponse à cette question : « Qu’est-ce que le Puseyism ? » rédigeait, en 1840, une sorte de programme dont le cinquième article portait : « Le souci de la partie visible de la dévotion, comme la décoration de la maison de Dieu, qui agit insensiblement sur l’esprit[3]. » Quand Newman avait entrepris d’élever une église à Littlemore, dans une dépendance de la paroisse qu’il dirigeait à Oxford, il s’était essayé à y faire une première application de ses principes ; et ce n’était pas sans un sentiment mêlé de surprise, d’admiration et aussi d’inquiétude, qu’un de ses plus chers disciples, Rogers, constatait, au jour de l’inauguration, en 1836, ces innovations, notamment le magnifique autel

  1. Apologia, p. 167.
  2. Remains of Richard Hurrell Fronde, Part the second, vol. I, p. IX.
  3. Liddon, Life of Pusey, t. II, p. 140.