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que ridicule écrivain, » — invita le Conseil général de la commune de Versailles à solliciter de la Convention nationale l’autorisation de changer le nom trop monarchique de Versailles en celui de Berceau de la Liberté. La résistance à laquelle cette proposition se heurta à Versailles même, la fit écarter, « considérant, était-il dit par une des sections consultées, qui voilait habilement son opposition sous un prétexte civique, que le mot de Versailles n’a aucune analogie ni avec la royauté, ni avec la féodalité ; que la ville ne tient ce nom que de sa position naturelle et à cause du versement auquel les moissons étaient assujetties par le tourbillon des vents occasionnés par les bois qui l’entourent et la dominent de toute parts ; que le mot de Versailles présente une idée de versement qui rappelle le renversement du trône ; que la Convention, par un décret solennel, ayant déclaré que Versailles avait bien mérité de la Patrie, la postérité, si Versailles changeait de nom, ignorerait à quelle commune appartenait ce glorieux titre. »

Ce furent des motifs du même ordre qui furent très opportunément et très heureusement invoqués lorsque, après le décret relatif aux ci-devant maisons royales, les administrateurs du département de Seine-et-Oise et les officiers municipaux de Versailles, accompagnés de plusieurs notables citoyens, apportèrent, le 21 septembre, à la Convention une pétition sollicitant la suspension des mesures qui menaçaient l’existence du château. Pour se recommander à la bienveillance de l’assemblée, les délégués rappelèrent « qu’ils avaient armé et équipé neuf bataillons pour la frontière, » qu’ils s’occupaient d’en former de nouveaux et aussi « d’élever la jeunesse, qui ne peut être encore armée, dans l’austérité des mœurs et des vertus républicaines. » Cet exorde ayant reçu un accueil enthousiaste et, la Convention ayant invité les pétitionnaires aux honneurs de la séance, en décrétant « qu’il serait fait mention honorable, dans son procès-verbal, du patriotisme des citoyens de Seine-et-Oise, » les délégués jugèrent le moment venu de représenter « combien il serait regrettable et dommageable, pour la ville de Versailles, d’enlever les tableaux, statues, œuvres d’art qui en étaient la gloire et qui faisaient l’admiration du monde entier. » Immédiatement la requête de ces citoyens, bons patriotes, reçut satisfaction et l’assemblée vota la suspension des lois qui les avait si justement alarmés.

C’était là un notable succès, mais, devant la violence des