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12 000 kilomètres de long. En même temps, des droits miniers sur des étendues considérables étaient accordés à un syndicat anglais dit Peking Syndicale, dans la grande région houillère et carbonifère du Shansi et du Honan, d’autres à des syndicats anglo-français dans le Sud-Ouest de la Chine. Il venait s’y joindre des tramways à Tien-tsin et à Pékin ; des filatures de coton s’élevaient en foule à Shanghaï. Des missions commerciales parcouraient dans tous les sens l’Empire du Milieu. Les puissances européennes se faisaient, suivant le gracieux euphémisme habituel, céder à bail des ports, marquaient des sphères d’influence. On arrachait au faible gouvernement de Pékin la promesse de concessions nouvelles, l’ouverture à la navigation à vapeur de tous les cours d’eau de l’Empire. En attendant qu’on la partageât, il semblait que la Chine s’ouvrît.

L’insurrection des Boxeurs fut un rappel à la réalité. Née de l’alarme suscitée, au sein des classes populaires comme des classes dirigeantes, par la mainmise, chaque jour plus accentuée, des étrangers sur l’Empire, par le trouble qu’apportaient dans les habitudes traditionnelles et les vieilles superstitions les travaux de toute sorte, études et terrassemens de chemins de fer, recherches de mines, levés de plans, entrepris sur trop de points à la fois, elle rappela les Européens à la sagesse, en même temps que l’action énergique des puissances occidentales montrait, sinon à tout le peuple, — dont une bonne partie ne sut rien des événemens de 1900, — du moins aux gouvernans et aux lettrés, la vanité d’une résistance, d’une fin de non-recevoir absolue opposée aux demandes de l’Occident. La leçon fut salutaire pour les deux parties. Si chèrement qu’elle ait été payée, malgré les vies précieuses qu’elle a coûté, peut-être faut-il se féliciter qu’elle ait été donnée dès lors. Elle n’aurait été que plus terrible si elle avait été retardée. Imagine-t-on à quelles effroyables aventures le monde se fût trouvé entraîné si l’affaire des Boxeurs avait coïncidé avec la guerre entre le Japon et la Russie ? Toujours est-il qu’après 1900, les étrangers, se rendant compte des périls qu’il y avait à trop forcer l’allure, ne demandèrent plus guère de nouvelles concessions. Et le gouvernement de Pékin, comprenant les dangers d’une attitude ouvertement hostile, donna des instructions pour que celles qui avaient été accordées pussent être mises à exécution.

Quels ont été les résultats obtenus depuis le traité de