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rieuse, après avoir subi eux-mêmes celle de groupemens qui n’avaient rien de parlementaire. Le jour où M. Rouvier nous aura délivrés des influences occultes qui, du fond de certaines officines, s’exercent sur tels ou tels groupes, et par eux sur le gouvernement, il aura rendu un vrai service, et n’est-ce pas celui qu’il a promis de rendre lorsqu’il a déclaré qu’il gouvernerait au grand jour ? C’est à la tribune qu’il doit s’expliquer, et non pas pour un groupe, mais pour la majorité, pour la Chambre, pour le pays.

Le budget est voté par la Chambre : le Sénat en est aujourd’hui saisi et la Chambre va avoir quelques jours disponibles qu’elle pourra consacrer à d’autres questions. Lesquelles ? Il y a d’abord la loi militaire, la loi du service de deux ans. La commission conseille à la Chambre de la voter telle qu’elle revient du Sénat afin d’en finir, et la Chambre suivra vraisemblablement ce conseil : elle tient, en effet, grandement à ce que la loi puisse être appliquée dès l’année courante, c’est-à-dire avant les élections prochaines. S’il y a un débat, il ne prendra donc que peu de jours, et la Chambre atteindra ainsi le moment où elle pourra aborder la grande question de la séparation de l’Église et de l’État. La Commission et le gouvernement se sont fait des concessions mutuelles : ils sont aujourd’hui d’accord sur tous les points. M. Briand, rapporteur, déposera très prochainement son travail et on pense que la discussion commencera avant la fin du mois. Nous attendons le rapport de M. Briand pour en parler à meilleur escient. Les dispositions du projet de loi sont cependant connues dans leur ensemble, et même dans leurs détails. Tel qu’il est, le projet définitif ne saurait satisfaire, ni ceux bien entendu qui, comme nous, sont les adversaires du principe même de la séparation, ni ceux qui l’acceptent, mais qui entendent l’appliquer dans des conditions vraiment libérales. Les dispositions relatives aux édifices du culte semblent avoir été combinées de manière à maintenir sous le régime de la séparation les difficultés, les conflits, les moyens de coercition que l’on dénonçait si haut sous le régime du Concordat. Le mal est même aggravé, car c’était relativement peu de chose que de priver un curé de son traitement, et, en tout cas, le préjudice ne retombait que sur une personne, tandis que le retrait d’une église ou d’une cathédrale retombe sur toute une population catholique. La question des édifices religieux est de beaucoup celle qui a été le plus mal résolue dans le projet de loi. Celle des pensions ou indemnités réservées aux ministres du culte, au bout d’un certain nombre d’années de service, l’a été par la Commission avec moins de libéralité encore que par le gou-