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Caroline de Bavière, morte protestante ; et l’évêque Richarz, qui naguère, en cette occurrence, avait poussé très loin les concessions, demeura tenace en ses maximes, et se distingua du reste de ses collègues, plus rigoristes. Il suffisait de quelques détails semblables, pour qu’il fût très malaisé de grouper l’unanimité des signatures épiscopales au bas des documens officiels qui devaient exposer au clergé, aux fidèles et aux souverains, les travaux et les résolutions de l’assemblée ; le tact de Geissel devait avoir raison des susceptibilités de Richarz et de plusieurs autres prélats ; et malgré les divergences de nuances qui se révélèrent à Wurzbourg, l’assemblée, dans son ensemble et par ses résultats, fut une manifestation d’unité.

La question des synodes était urgente. Geissel défendit l’épiscopat du reproche d’avoir étouffé cette institution ; Doellinger expliqua qu’en la ressuscitant l’on réagirait contre les habitudes bureaucratiques que l’Église, à l’imitation de l’État, avait laissées pénétrer dans son existence. Certains évêques s’alarmèrent de la coïncidence entre les mouvemens politiques et l’agitation synodale ; d’autres craignaient qu’à l’image des diètes et des parlemens, les synodes ne prétendissent légiférer. De part et d’autre, on échangeait des renseignemens : dans le diocèse de Fribourg, c’étaient en général de mauvais prêtres qui désiraient les synodes ; mais à Ratisbonne, à Bamberg, à Trêves, c’étaient de bons prêtres. L’avis de Geissel s’imposa ; il fut décidé que l’on commencerait par tenir des conférences, et puis qu’au plus tôt on rassemblerait des synodes diocésains, en stipulant bien expressément que, dans ces assemblées, l’évêque seul aurait le droit de décision.

Mais par-dessus les désirs, tantôt zélés et tantôt frondeurs, qui travaillaient le petit clergé, une autre idée planait, qui trouvait accueil dans l’esprit même des évêques : c’était celle d’un concile national et d’une organisation qui, vis-à-vis de Rome comme vis-à-vis des États, scellerait, en fait, la cohésion de l’église germanique. Doellinger, en un rapport qui fut très scruté et qui méritait de l’être, réclamait l’institution d’une primatie d’Allemagne et de synodes nationaux ; on songeait, aussi, à confier à l’un des métropolitains, ou bien à deux d’entre eux, le soin d’incarner l’Église d’Allemagne jusqu’au concile ; on parlait d’une agence, qui, sous les auspices des métropolitains, serait l’organe de cette Église auprès du Pape. Doellinger concluait