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nécessitent un colloque entre les membres de la hiérarchie ; et le colloque est d’autant plus urgent, qu’au parlement de Francfort les décisions sur la question religieuse, insuffisantes, équivoques, sont aggravées par les votes sur la question scolaire, et qu’au parlement de Berlin, aussi, l’élément radical prédomine.

Ainsi se déroulait ce long mémoire, qui dessinait à l’avance le programme de l’assemblée de Wurzbourg.

C’en était fait pour toujours de la conception qui ravalait l’évêque à n’être qu’un haut fonctionnaire territorial (Landesbischof) : sans demander à leurs souverains respectifs aucune permission, les archevêques et évêques de l’Allemagne affirmaient, par là même qu’ils l’exerçaient, leur droit de délibérer sur les intérêts généraux de l’Église germanique. Depuis soixante ans, ce droit semblait périmé ; et lorsque leurs prédécesseurs en avaient usé pour la dernière fois, on les avait vus, au congrès d’Ems, faire front contre le Saint-Siège. D’Ems à Wurzbourg, la route avait été dure ; il y avait eu, le long de cette route, des étapes d’avilissement, puis des étapes d’emprisonnement ; mais, à la faveur de la poussée populaire, elle s’était hâtée vers son terme, et l’esprit de l’assemblée de Wurzbourg était exactement l’inverse de l’esprit qui avait animé le congrès d’Ems. L’épiscopat, à Ems, avait affronté les nonces ; Geissel, avant Wurzbourg et à Wurzbourg, allait multiplier à l’égard du nonce Viale Prela les marques de déférence. Les congressistes d’Ems avaient affiché l’impertinence à l’endroit du Saint-Siège ; les congressistes de Wurzbourg allaient affecter des raffinemens de respect, décidant, par exemple, que le nouveau titulaire du diocèse de Fulda ne siégerait parmi eux qu’à titre de théologien, non à titre d’évêque, parce que Rome ne l’avait pas encore préconisé.

Les évêques bavarois, dès le début de la réunion, se distinguèrent par leur gêne, leur réserve, leur incessans gestes d’effroi. En présence de certaines questions, ils reculaient alarmés : lorsqu’on discuta, par exemple, sur la participation d’un commissaire d’Etat à la prise de possession des cures, ou sur l’administration des biens ecclésiastiques, Hofstaetter, de Passau, et Richarz, d’Augsbourg, auraient souhaité d’être absens. Les rapports entre les catholiques et les autres confessions chrétiennes suscitèrent certains débats épineux : l’assemblée était obsédée par le souvenir des difficultés auxquelles avait donné lieu, dans les divers diocèses, la commémoration funèbre de la reine