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autonomie personnelle et leur gouvernement personnel tant au sujet des personnes qu’au sujet des choses : égalité de toutes les associations religieuses au point de vue des droits civils.


Le programme était large, éclectique, généreux ; il nous donne, en leur substance, les revendications religieuses du plus illustre archevêque de l’Allemagne. Geissel demandait à Müller, par surcroît, s’il ne serait pas opportun d’adresser au Parlement une sorte de déclaration des droits de l’épiscopat. Müller l’en dissuada ; et Diepenbrock pensait comme Müller : « Ici, écrivait-il, nous sommes comme des hiboux, parmi les corbeaux, les corneilles et les pies. » L’épiscopat d’Allemagne, dont les membres, on le voit, ne se mêlaient aux travaux parlementaires qu’avec une réserve ennuyée, s’effaça derrière les simples prêtres et derrière les simples laïques.

Les représentans catholiques se disséminaient un peu partout dans l’assemblée : le général Radowitz appartenait aux droites, le curé Ketteler prit d’abord place à l’extrême gauche. L’idée catholique n’avait point une attitude d’isolée, elle semblait être en visite dans tous les partis, et cela lui fut une force. Sur l’heure même, le rôle et la situation parlementaires de ceux qu’on appelait les « ultramontains » furent assez malaisés à connaître et à définir : les récits des témoins oculaires sont à cet égard fort contradictoires. Deux des chroniqueurs qui, au lendemain de cette assemblée, narrèrent leurs souvenirs en de copieux volumes, Biedermann et Laube, inclineraient à exagérer l’activité occulte des catholiques ; à plaisir, ils semblent se créer un spectre noir, afin de s’en effrayer. Le pasteur Jürgens, membre comme eux du parlement, était d’un tout autre avis : de son contact avec ses collègues de l’autre confession chrétienne, il avait remporté, lui, une excellente impression ; dans son livre, il raille agréablement Biedermann et Laube, et s’amuse aux dépens de l’un de ses coreligionnaires maladroits, qui commit un jour l’erreur d’aborder mystérieusement un député et de lui représenter que, dans l’intérêt du protestantisme, il convenait d’offrir l’empire au roi de Prusse. Le bavard sut trop tard que le député ainsi sermonné était un catholique.


La confusion du point de vue politique et du point de vue ecclésiastique, écrira en 1851 le général Radowitz, est de part et d’autre pernicieuse. L’Église catholique ne peut pas être mêlée à la politique quotidienne,