Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 25.djvu/940

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

REVUES ÉTRANGÈRES



UN HOMME DE LETTRES ALLEMAND :
THÉODORE FONTANE



Theodor Fontane’s Briefe an seine Familie, 2 vols. in-8o, Berlin, F. Fontane, 1905.

Depuis les délicieuses lettres de Robert Louis Stevenson, recueillies naguère par M. Sidney Colvin, aucune publication du même genre ne m’a aussi parfaitement intéressé, amusé, et touché que celle de ces lettres du romancier allemand Théodore Fontane à sa femme et à ses enfans. J’ai eu déjà l’occasion de parler ici de Théodore Fontane[1]. Ce n’est peut-être pas le plus grand des romanciers allemands : mais, à coup sûr, c’en est le plus aimable, celui qui a su le plus agréablement unir, dans son œuvre, l’ironie et la tendresse, l’observation et la fantaisie. N’ayant été jusqu’à soixante ans passés qu’un poète et un historien, il a ensuite apporté au roman l’expérience qui lui venait de ce double métier : de telle sorte que son Comte Petœfy, sa Stine, son Effy Briest, nous apparaissent comme de simples et vivantes « chroniques » racontées par un homme qui en a vu tous les faits se dérouler sous ses yeux, mais qui les a vus avec des yeux accoutumés à orner toutes choses de grâce, de douceur, de légère et rêveuse beauté poétique. Et je dirai plus : de tous les romanciers allemands, Fontane est le seul qui, probablement sous l’influence de son origine française,

  1. Voyez la Revue du 15 décembre 1898.