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Les indigènes réservent le nom à une maladie qui frappe les chevaux ; mais on sait aujourd’hui qu’il faut y rattacher d’autres épidémies autrement désignées et qui frappent diverses espèces animales, les chiens de chasse, les chameaux, les bœufs et jusqu’aux éléphans.

Toutes ces épizooties sont causées par l’invasion d’un trypanosome qui pénètre dans le sang des animaux atteints. Cet hématozoaire parasite (Tryp. Evansi) a été signalé, dès 1880, par Griffith Evans dans le sang des chevaux, mulets et chameaux, lors d’une épidémie qui désolait, à cette époque, le Punjab.

L’aire d’envahissement de la surra est très étendue. Tout le nord de l’Inde est contaminé, la Birmanie anglaise, le Manipour et l’Assam. Le mal s’étend jusqu’à la Perso. D’un autre côté, il existe à l’état de cas isolés dans les possessions françaises de l’Indo-Chine, dans le Yunnan, dans le Céleste-Empire et jusque dans la Corée. En beaucoup de points il empêche l’élevage du cheval. On le retrouve aux Indes néerlandaises, où il frappe les équidés et les buffles, et aussi aux Philippines. On sait qu’il a été importé, en 1902, à l’île Maurice qu’il a ruinée complètement en faisant périr tous les chevaux et un grand nombre de bœufs.

La maladie est très analogue au nagana. Ses symptômes sont ceux d’une anémie pernicieuse : fièvre irrégulière, amaigrissement, œdèmes des membres et enflure du ventre. Elle est presque invariablement mortelle. Seulement elle évolue plus ou moins rapidement suivant les espèces animales. Elle tue le cheval en un ou deux mois, elle met trois ans pour le chameau. Les bœufs y résistent le mieux : beaucoup échappent à la contagion ; un certain nombre sont frappés légèrement et guérissent. La guérison leur confère désormais l’immunité.

Il y a des rapports si étroits entre la surra et le nagana, entre le trypanosome de Bruce et celui d’Evans, que l’on devrait confondre les deux maladies en une seule, si l’expérience n’avait appris que les animaux immunisés pour l’une sont vulnérables à l’autre. L’analogie permet de supposer que le mode de propagation est très semblable dans les deux cas. Mais, pour la surra, on ne connaît pas de mouche spéciale qui soit préposée à l’inoculation. Il faut invoquer l’intervention des taons, des divers insectes banals, piquans ou suceurs.

Les moyens de lutter contre toutes ces épidémies sont les mêmes. Ils doivent consister, comme l’Académie de médecine en