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Les essaims de tsé-tsé suivent en effet les animaux de chasse.

Plus au nord, la mouche suceuse de sang occupe le bassin du Zambèze où Livingstone a signalé depuis longtemps sa présence et ses ravages. L’Ouganda est presque indemne, mais le Congo belge est infesté. On a signalé en Abyssinie des épidémies qui paraissent se rapporter au nagana, et dont l’une décima la cavalerie anglaise pendant l’expédition de 1867. Westwood a pensé que, dépassant leurs limites ordinaires, ces mouches suceuses ont pu, au temps des Pharaons, pénétrer jusqu’en Égypte et causer les ravages que l’Exode mentionne sous le nom de quatrième plaie d’Égypte. La cinquième plaie, celle qui frappa les bêtes, aurait été, d’après cela, la conséquence de la précédente. L’Afrique orientale n’est pas épargnée. Les épidémies dans l’Est allemand ont été étudiées par Koch. Dans les possessions anglaises, la zone de la tsé-tsé commence au tiers de la route qui va de la mer au lac Victoria. D. Smith et le prince N. Ghika, sn 1898, l’ont signalée dans les pays des Somalis et des Gallas ; Brumpt, le naturaliste de la mission du Bourg de Bozas, l’a trouvée dans l’Ogaden.

Enfin, la mouche piquante et les épizooties à trypanosomes se montrent dans le Centre Africain, dans l’Etat Indépendant, sur les bords du Chari (le Tchad est indemne), à Tombouctou, à Macina, et peut-être même jusqu’en Algérie, s’il est vrai que l’on puisse identifier au nagana une épizootie qui a sévi en 1903 sur les chevaux des spahis dans l’extrême Sud Oranais, dans la vallée de la Zousfana. La côte orientale elle-même n’est pas exempte. Le Cameroun a été gravement atteint, et l’on a signalé dans le Togo, dans la Guinée, le Sénégal et la Gambie une sorte de malaria des chevaux qui est encore une maladie à trypanosomes.

Le rôle des mouches tsé-tsé dans la propagation de cette maladie redoutable était soupçonné depuis longtemps. Mais on croyait qu’elles agissaient par un poison ou un virus. Livingstone les déclarait venimeuses. Bruce a démontré péremptoirement qu’elles ne le sont pas et qu’elles n’offrent par elles-mêmes aucun danger. Le danger commence aussitôt qu’elles ont piqué un animal atteint de nagana. Bruce a vu que la mouche se comportait comme un simple vecteur qui entrepose quelque temps le parasite, et non point comme un hôte nécessaire où il accomplirait quelqu’une des étapes de son évolution.

Cependant on peut se demander pourquoi les autres insectes