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celle d’où elles tirent leur origine et où elles ont été longtemps cantonnées. N’a-t-on pas gardé le souvenir de la terrible épidémie de fièvre jaune qui, importée d’Amérique, ravagea, en 1901, le Sénégal ?

Des médecins, des naturalistes, des biologistes se sont dévoués, depuis quelques années, à ces études de médecine coloniale. Ils ont obtenu des résultats qui, au point de vue purement scientifique, sont infiniment intéressans et qui ne peuvent manquer d’avoir des conséquences pratiques de grande importance. Nous nous proposons de donner ici un court aperçu de cette œuvre féconde, — ou plutôt, d’une partie seulement de cette œuvre, de celle qui est relative aux infections parasitaires du sang qui ont décimé, dans ces derniers temps, les bêtes de trait et de bât, chevaux, ânes, mulets, chameaux et les troupeaux de moutons et de bœufs de diverses contrées africaines..


I

On commence à bien connaître aujourd’hui les principales maladies infectieuses qui, en Afrique particulièrement, s’attaquent aux animaux domestiques et à l’homme même.

Il faut citer parmi ces épizooties : le Nagana, qui sévit dans une très grande étendue du continent africain et qui fait périr les bêtes de trait ou de charge et le bétail ; — la Surra, anémie pernicieuse de même nature qui frappe les bœufs et les chameaux de l’Inde anglaise et des Indes néerlandaises et qui en 1901-1902, importée à l’île Maurice, y détruisit une partie du gros bétail et la presque-totalité des chevaux et des mules ; — le mal de Caderas qui règne dans l’Amérique du Sud ; — la Dourine, maladie des chevaux reproducteurs qui se montre dans le sud de l’Europe, en Amérique, en Algérie, à Java ; — le Galziekte ou fièvre bilieuse qui s’attaque aux bovidés de presque tout le Sud Africain, Transvaal et Cap.

Un lien étroit rattache entre elles ces affections meurtrières qui frappent les animaux, et les rattache en même temps à une étrange maladie qui frappe l’homme et qui n’est pas moins sévère dans ses conséquences : la maladie du sommeil.

Toutes ces maladies, en effet, ont une cause analogue, presque identique, et toutes, sauf la dourine, ont le même mode de propagation. Elles sont produites par la présence, dans le sang de