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mystiques, pédagogiques, édifièrent les deux confessions ; et dans les deux clergés Sailer mort trouvera des biographes.

Entre tous ses admirateurs, il n’en était pas de plus fidèle que le roi Louis. Il l’avait fait nommer, en 1823, coadjuteur de Ratisbonne ; il l’en nommera évêque en 1829. Dès son avènement il le gratifia d’un château. Sailer aurait pu devenir une Eminence grise ; mais il lui suffisait d’avoir fait de Louis Ier une âme religieuse, et le reste viendrait par surcroît… Le reste, ce serait l’efflorescence monastique dont la Bavière allait être l’asile ; le reste, ce serait l’attitude catholique que, devant le monde, la Bavière allait prendre. L’ombre de Maximilien pouvait, par la plume de Goerres, supplier son descendant d’être un bouclier de l’idée religieuse : le disciple de Sailer comprendrait la leçon.

Une grande décision marqua le début du règne : l’université de Landshut fut transférée à Munich. Ringseis avait été l’instigateur de cette réforme ; un protestant converti, Schenk, y présida. L’esprit des universités portait alors ombrage aux grands de la terre : Louis Ier, lui, appelait la science près de son trône, et lorsqu’en 1833, après les échauffourées de Francfort, les gouvernemens persécuteront les étudians, un orateur catholique se lèvera, dans l’aula de Munich, pour défendre les franchises universitaires ; ce sera le recteur Ringseis, confident du roi. Louis Ier, comme l’en suppliait Maximilien par l’organe de Goerres, se montrait « protecteur de la liberté de l’esprit. » Mais en même temps, « colonne de la foi, » il offrait à l’intelligence catholique un beau terrain d’épanouissement : la théologie, dans la jeune université, allait se relever de l’assoupissement où l’avaient plongée, dans les facultés de Bavière, les quarante dernières années ; et des catholiques notoires furent appelés aux principales chaires. La chaire d’histoire fut offerte à Joseph Goerres, au vif déplaisir du roi de Prusse. Louis Ier était fier de rouvrir l’Allemagne au grand contumace de Goblenz, et cette initiative royale assurait les destinées de l’école de Munich.


VI

Ringseis, Sailer, Brentano, pressaient Goerres d’accepter : il quitta Strasbourg, en déclarant que le vol des oiseaux déciderait de son chemin ; et les oiseaux l’orientèrent vers Munich, qui fut