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estime, sans ambages, à cette colonie alsacienne transplantée dans la ville épiscopale de saint Boniface, et qui travailla si noblement au relèvement du clergé allemand.


II

Restituer à la théologie le prestige scientifique dont elle semblait déchue, c’est à quoi se dévoua, dès 1818, l’école de Tubingue. Elle ne ressemble nullement, en ses origines, au sévère petit groupement, fortement uni dans la possession d’un rudiment défini, dont nous venons de voir à Mayence la solide assiette et la fructueuse action. Au début de l’école de Mayence, une figure d’évêque surgissait, pour fonder et pour bénir, la faculté de Tubingue est une réunion de prêtres, auxquels le roi de Wurtemberg, avant même qu’il n’ait achevé ses pourparlers avec Rome, donne mission de bien instruire le clergé de ses États. Ces prêtres sont des chercheurs beaucoup plus que des docteurs : entre leur œuvre et celle de Liebermann, il y a la même différence qu’entre des essais théologiques originaux et un sage et sûr manuel ; et, dès qu’ils commencèrent de travailler, la Theologische Quartalschrift fut créée pour accueillir leurs essais.

Il est curieux de constater, dans les premières années de cette revue, l’alternance des tâtonnemens heureux et des faux pas, des écarts et des résipiscences. Sous l’empire des opinions troublantes qu’avait soutenues Drey, en 1815, à propos du sacrement de pénitence, la Quartalschrift, en 1821, inclinait à souhaiter l’introduction, dans l’église, de confessions publiques d’un caractère général ; mais Drey lui-même, en 1831, y rompra une lance pour la confession auriculaire. Moehler, de 1823 à 1825, y soutenait le droit des laïques au calice et l’opportunité d’une liturgie en langue nationale ; mais tout le premier, en 1830, il s’y montrera l’ennemi de la messe allemande. D’aventureuses idées sur les pratiques pieuses, les rites, la valeur des œuvres et l’organisation ecclésiastique, qui vaudront à Hirscher, en 1849, de sérieux désagrémens, s’étalaient déjà dans la Quartalschrift de 1823 ; mais on les trouverait amendées, dans les fascicules ultérieurs, par des collaborateurs plus assagis. Il n’y eut d’évêque à Rottenburg qu’en 1828 ; l’école de Tubingue avait eu le temps de s’installer et de se discipliner, avant qu’une autorité ecclésiastique ne s’occupât d’elle.