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JOHN CONSTABLE


A Memoir of the Life of John Constable, composed chiefly of his Letters, by C. R. Leslie. — Londres, 1842.
Constable and his Influence on Landscape painting, by C. J. Holmes. — Westminster, A. Constable ; 1902 ; gr. in-8o, avec 77 héliogravures.


Vers la fin de sa carrière, ne s’aidant plus que d’études tout à fait superficielles et de vagues souvenirs, Turner en était venu à demander à son imagination seule les motifs et les élémens mêmes de ses tableaux. Faute de chercher dans la nature les enseignemens qu’elle aurait pu lui procurer, on sait à quels partis pris systématiques et à quelles aberrations il devait aboutir. C’est, au contraire, dans une recherche incessante de la vérité qu’un autre paysagiste anglais, John Constable, son contemporain, allait trouver, avec l’occasion de progrès constans, la saine et forte poésie qui s’exhale de ses œuvres. Il aimait assez la nature pour l’étudier avec passion et pour revenir toujours à elle, sans croire à aucun moment qu’elle n’eût plus rien à lui apprendre. Bien qu’il appréciât avec autant d’impartialité que de clairvoyance le talent de ses devanciers, et qu’il professât pour les plus grands d’entre eux une très vive admiration, jamais il ne les a pris pour modèles, jamais il n’a subi l’influence d’aucun d’eux. Jusqu’au bout, il est resté fidèle à la représentation des simples beautés de son pays natal, auquel un long commerce n’avait fait que l’attacher d’une manière plus étroite.

Nous emprunterons à Constable lui-même les informations qui nous aideront à bien connaître une vie et une physionomie d’artiste singulièrement intéressantes. A cet effet, nous ne saurions avoir de meilleurs guides que les deux livres excellens consacrés à sa mémoire : l’un déjà ancien, publié peu de temps