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madrigal que j’ai retenu, ont eu le sort qu’ils méritaient, c’est-à-dire qu’ils ont passé, avant que l’encre en fût sèche, de ma table dans mon feu. Le seul ouvrage un peu considérable qui soit sorti de ma plume, c’est la traduction, qui n’a jamais vu le jour, du livre de M. Horace Walpole, intitulé : Doutes historiques sur la vie et le règne de Richard III. »

Dans cette nomenclature, le Roi oubliait le récit de sa fuite de Paris, écrit à Coblentz en 1791, qui n’était pas encore publié, et le Journal de son voyage de Vérone à Riegel que nous avons retrouvé parmi ses papiers. Séquestré par l’hiver dans le château de Mitau, il se remit à écrire. C’est de cet hiver 1798-1799 que sont, datées les Réflexions historiques sur Marie-Antoinette[1], celles que lui suggéraient certaines de ses lectures, une dissertation sur Horace, qui témoigne de sa science en latin, et, sans parler d’un conte intitulé : Galante aventure, une intéressante étude sur les Devoirs d’un Roi.


Cette étude, il l’écrivit pour le Duc d’Angoulême dans des circonstances que, conjointement à d’autres documens qui aident à nous en révéler l’origine, elle nous permet d’éclaircir et de raconter, en même temps qu’elle précise l’opinion que, si proche du mariage de son neveu, le Roi s’était faite de lui. Cette opinion en ce qui touche la valeur intellectuelle du Duc d’Angoulême ne lui était pas favorable. Lorsque celui-ci était venu le rejoindre à Blanckenberg, le Roi avait constaté avec regret sa paresse d’esprit ; il la lui avait affectueusement reprochée. Un an après, à Mitau, il s’avouait à lui-même, avec douleur, que ses reproches étaient restés sans effet. L’étude sur les devoirs d’un Roi résulta des préoccupations que lui donnait l’ignorance du jeune prince.

Elle eut encore une autre cause. En étudiant son neveu, lr Roi s’était aperçu que « le jeune homme » rapportait de son séjour parmi les Anglais, non seulement leurs goûts, mais aussi leurs opinions en matière politique. Sur « l’antique constitution du royaume « notamment, que la Cour de France était presque unanime à défendre comme l’assise indispensable du pouvoir royal restauré, il différait entièrement d’avis avec elle. À cette constitution il préférait « le régime représentatif » comme en

  1. Voyez la Revue du 15 juillet 1904.