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fait à Versailles ; mais puisque, à Mitau, Louis XVIII était traité en roi, avait ses ministres, ses gentilshommes, ses aumôniers avec le cardinal de Montmorency à leur tête et ses gardes du corps, il convenait que les princes et princesses qui vivaient auprès de lui fussent traités eux aussi conformément à leur rang, aux usages de la Cour, et que Madame Royale notamment eût au moins une dame d’honneur, une dame pour accompagner et un chevalier d’honneur. Lorsqu’elle était partie de France, le Roi avait offert la première de ces fonctions à la marquise d’Hautefort, femme d’un de ses amis intimes, étroitement lié aussi avec d’Avaray, jadis familier de Versailles et dont le dévouement ne s’était jamais démenti. La marquise d’Hautefort résidait alors à Munich. La Cour d’Autriche n’ayant pas consenti à placer des Français auprès de Madame Royale, le projet avait été ajourné. Depuis, Mme d’Hautefort avait vieilli ; elle était infirme ; ni son état ni son âge ne permettaient plus de penser qu’elle pourrait un jour occuper l’emploi précédemment accepté par elle. Le Roi avait alors songé à la princesse de Chalais.

« Mme la princesse de Chalais m’a paru celle qui convenait le mieux. Son âge qui se rapproche plus du vôtre, quoiqu’elle ne soit pas dans la première jeunesse, ses vertus, ses qualités aimables et solides m’ont paru devoir vous être utiles et agréables, et c’était à elle que je destinais la commission la plus flatteuse qu’il soit en mon pouvoir de donner. Mais, vous l’avouerai-je ? votre lettre a tellement surpassé mes espérances sur l’excellence de votre jugement, que je ne sens plus en mon pouvoir de donner auprès de vous, même une commission passagère, à quelqu’un que je ne saurais pas d’avance qui vous plût. Je vous prie. donc, ma chère enfant, de vous ouvrir avec moi sans réserve, tant sur Mme de Chalais que sur les autres personnes auxquelles vous avez pu penser, ainsi que sur les choix d’un ordre inférieur.

« Je vous ferai seulement deux observations à ce sujet : l’une que la position où nous sommes et où je suis particulièrement, exige que vous ayez peu de monde avec vous. Une dame faisant les fonctions de dame d’honneur, et une autre tout au plus suffiront, et il en est de même du service inférieur. La seconde est que les choix que je ferai de concert avec vous, tout provisoires qu’ils seront, influeront indubitablement sur ceux que mon frère fera définitivement. Je suis trop sûr de sa