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MÉMOIRES
DU
COMTE DE RAMBUTEAU
1809-1813[1]

Au retour de Wagram, Napoléon, suivant le plan commencé par le divorce et voulant donner plus de prestige à la Cour impériale, fit une grande promotion de chambellans, écuyers, dames du palais, dignitaires de toute sorte. J’y fus compris comme chambellan, et mon beau-frère, Adrien de Mesgrigny, comme écuyer cavalcadour. M. de Sémonville, notre parent par alliance, très lié avec M. de Bassano dont il était le compère dans toutes ses affaires publiques et privées, eut plus de part à cette nomination que M. de Talleyrand, malgré toutes ses promesses. Le retour en faveur de M. de Narbonne, les anciennes notes de Caulaincourt et de Joséphine lors de ma présentation en 1806, y contribuèrent aussi. Il y a des momens où tout réussit sans efforts, et d’autres où tout échoue en dépit des meilleures volontés.

Dans le même temps, je paraissais pour la première fois à une réunion politique : c’était à l’assemblée électorale du département, formée par les principaux propriétaires. Je fus très bien accueilli le premier jour ; le second, on me témoigna quelque mécontentement. En effet, ma famille, son passé, la piété de ma mère semblaient me vouer au parti légitimiste, bien que mon père n’eût pas émigré et eût toujours blâmé l’émigration. Or,

  1. Ces pages sont extraites des Mémoires du comte de Rambuteau, publiés par son petit-fils, avec une introduction et des notes de M. Lequin, et qui paraîtront le mois prochain chez l’éditeur Calmann-Lévy.