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comparaison entre les conditions, les exigences, les possibilités, les impossibilités d’un État de premier rang comme la France et celles de tel ou tel canton suisse, qui peut supporter, — bien ou mal, — tel ou tel système fiscal, telle ou telle institution administrative. On aurait grand tort d’ailleurs de croire que les Suisses soumis à l’impôt sur le revenu s’en félicitent, et rien ne serait plus aisé que de montrer les conséquences regrettables qu’il a entraînées dans certains cantons. Mais, encore une fois, un canton suisse de quelques milliers d’habitans ne peut être comparé à un grand État de quarante millions d’habitans. Nous avons examiné les comparaisons sérieuses. Elles sont décisives — contre le système !

L’impôt sur le revenu n’existe pas en Angleterre.

L’impôt sur le revenu existe en Prusse : soit ; mais la France politique est presque aussi loin de la Prusse aristocratique et monarchique que de la Rome de Servius Tullius. La France démocratique et républicaine est rationnellement comparable aux États-Unis : soit ; mais l’impôt sur le revenu n’a pu y vivre (il vivrait encore moins chez nous), et la plus haute autorité morale de ce grand pays, la gardienne suprême des principes et des droits, sans lesquels il n’est pas de république possible ni de citoyen libre, l’a condamné souverainement. Comment les hommes à système qui veulent rétablir chez nous la taille personnelle pourraient-ils persister à invoquer « l’exemple des pays étrangers ? »


JULES ROCHE.