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contribution personnelle et mobilière représentant 100 millions.

Chez nous au contraire tous ces impôts subsisteraient, — sauf les portes et fenêtres et la contribution mobilière, — et seraient doublés par l’impôt sur le revenu « global, » inévitablement bientôt progressif, et souverainement décrété et appliqué par les privilégiés qui s’en affranchiraient.

Certes, si un exemple ne peut être invoqué à l’appui de leur système par nos prophètes de l’impôt général sur le revenu, c’est celui de l’Angleterre, — puisque rien n’est plus différent de ce qu’ils veulent faire chez nous que le système anglais, — sans compter que rien n’est plus différent de notre organisme économique, politique et social, que l’organisme anglais.

Sont-ils plus fondés à invoquer l’exemple de l’Allemagne ?


II

A prendre les mots dans leur vrai sens l’impôt sur le revenu n’existe pas en Allemagne, je veux dire si l’on considère « Allemagne » comme synonyme d’ « Empire Allemand. » Il suffit d’ouvrir le budget de l’Allemagne, celui qui est voté par les députés de l’Allemagne, par le Reichstag, pour voir que les recettes de ce budget ne contiennent aucun article ressemblant de près ou de loin à l’impôt sur le revenu.

Mais je ne cherche pas une querelle de mots. L’impôt sur le revenu n’existe pas en Allemagne, mais il existe en Prusse, en Saxe, et dans d’autres États allemands, privativement considérés. Examinons donc la Prusse, qui doit être tenue pour la patrie de l’Einkommensteuer, et voyons si l’on peut y trouver quelque motif capable de nous déterminer à adopter son système, — et si les conditions de milieu et d’application existant chez nous ont quelque rapport avec celles qui existent en Prusse.

A coup sûr l’impôt personnel et global sur le revenu, aussi complet que le rêvent en France ses plus ardens protagonistes, existe bien en Prusse, même depuis longtemps. Il y est un reste de notre ancien régime. C’est à l’exemple de notre taille personnelle et de notre capitation, détruites en 1789, qu’il fut institué pour les besoins de la guerre en 1807, par une première taxe personnelle sur les capitaux évalués d’après leurs revenus. Il grandit vite. En 1808, en 1810, en 1820, en 1851, sous le nom d’impôt des classes (Klassensteuer), puis d’Einkommensteuer,