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« Chacun se plaint de l’irrégularité de la répartition et crie à l’injustice, écrivait de Londres au Siècle l’un d’eux, en 1896. L’impôt sur le revenu est une sorte de pieuvre dont les contribuables ne peuvent se débarrasser : une fois voté, rien ne peut le supprimer ni l’empêcher de s’accroître. »

Hier encore, enfin, le chancelier de l’Echiquier, M. Austen Chamberlain, exposant à la Chambre des communes, le 19 avril 1904, le budget de 1905, se sentait contraint de porter sur l’income-tax cette appréciation qui est en définitive une condamnation et qui confirme pleinement ce que je viens d’écrire :

« Le gouvernement de Sa Majesté considère que le taux de onze pence par livre est un taux trop élevé pour qu’il convienne de le maintenir d’une manière permanente en temps de paix… Je déclare que les contribuables assujettis à L’Income-tax seront les premiers à pouvoir réclamer un dégrèvement… Il est certains défauts inhérens à l’income-tax et certaines causes de difficultés réelles ou apparentes qui sont inséparables de la nature même de la taxe, mais qui s’augmentent ou s’aggravent quand le taux d’imposition est aussi élevé… » En terminant, le ministre exprime l’espoir que certaines réformes qu’il prépare pourront contribuer à diminuer « l’hostilité que l’income-tax rencontre. »


En résumé :

L’income-tax est l’impôt le plus pénible à supporter pour les Anglais, et cependant :

Il n’est pas un impôt personnel « global » sur le revenu, mais un impôt mixte, particularisé sur des revenus distincts ;

Il n’est pas progressif ;

Il n’est pas fixé, déterminé, perçu par ceux qui ne le payent pas ou par leurs représentans, mais exclusivement par ceux qui le payent.

D’autre part, et ceci est essentiel, les Anglais ne sont soumis ni à notre impôt foncier sur la propriété bâtie et sur la propriété non bâtie, représentant 200 millions ; — ni à notre impôt sur les portes et fenêtres, représentant 66 millions (on ne saurait en effet comparer à, ces impôts la land-tax représentant 18 millions et la house-duty représentant 48 millions) ; — ni à notre impôt des patentes, représentant 140 millions ; — ni à notre impôt sur le revenu des valeurs mobilières représentant 80 millions ; — ni à nos taxes assimilées représentant 50 millions ; — ni à notre