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complet de la propriété immobilière du sol dans tout le Royaume-Uni, sauf pour la métropole ; cet état, formant quatre grands volumes, et connu sous le nom de New Domesday-Book, fut publié successivement en 1874, 1875, 1876, à la suite d’une motion du comte de Derby à la Chambre des lords en 1872 ; il porte sur 28 847 904 hectares représentant la superficie recensée.

Au premier coup d’œil sur le résumé des chiffres, on peut croire que ces 28 847 904 hectares sont répartis plus ou moins également entre les 1 152 266 propriétaires inscrits dans ce livre d’or, sorte de nouvelle édition considérablement corrigée et augmentée du fameux Domesday-Book de Guillaume le Conquérant, qui ne comprenait que 54 000 propriétaires, pour l’Angleterre seule il est vrai. Ce serait déjà par rapport à la France, dont les 49 millions d’hectares sont répartis entre plus de 8 millions de propriétaires, une proportion infiniment moins élevée. Mais le total des inscrits du New Domesday-Book n’est qu’un mirage ; sur ces 1 152 266 « propriétaires, » il faut en éliminer immédiatement 852 438 possédant ensemble seulement 75 365 hectares, soit chacun une moyenne de 880 mètres carrés.

Ce sont surtout (on peut le dire, quoique l’enquête ne fournisse à cet égard aucune indication) des propriétaires de maisons, de terrains bâtis de tous genres. Ce qui rend cette interprétation évidente c’est la valeur considérable attribuée à ces terrains ; ils forment seulement le 0,26 pour 100 de la superficie totale et leur revenu — gross estimated rental — est évalué à près du tiers du revenu de la propriété de tout le Royaume-Uni : 887 millions de francs sur 3 286 millions de francs (chiffres du volume LXXX de l’enquête de 1876). Il faut faire remarquer cependant que ce revenu total ne comprend pas celui du territoire de la métropole, évalué à 608 millions de francs. En tout cas ces 852 438 propriétaires ne possédant qu’une parcelle infinitésimale du sol — l/400e environ — ne peuvent être sérieusement comptés comme les « propriétaires » du Royaume.

Il n’en reste donc que 299 328, parmi lesquels 138 346 possèdent ensemble seulement 214 789 hectares ; on peut vraiment les réunir aux précédons avec lesquels ils forment un groupe de 990784 possesseurs ne détenant guère plus de un centième du territoire. Ce ne sont point là, encore une fois, les « propriétaires » de l’Angleterre.

Il reste ainsi 161482 possesseurs de 28 556 942 hectares sur