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Ses cheveux sont un pelage
Noir et soyeux d’animal ;
Il ne fait jamais le mal,
Qu’il soit rêveur, vif ou sage.

L’air le dore et le recuit,
Bronze clair ou marbre jaune
Sa grâce de jeune faune
A le charme frais d’un fruit.

Il gambade, il court, il joue,
Agile, prompt et léger ;
Et les pommes d’un verger
Sont moins rondes que ses joues

Turbulent, naïf, joyeux,
Tour à tour tendre ou farouche,
On voit rire avant sa bouche
La malice de ses yeux,

Qui, limpides et pleins d’ombre,
Sont rayonnans de clarté,
Pareils à ces jours d’été
Que reflète un grand lac sombre.

Il aime le ciel et l’eau
La lumière sur les roses,
Il trouve étranges les choses,
Pour lui, tout est vaste et beau ;

Tout s’anime avec mystère,
Tout est vivant : herbe, fleur…
Il ne sait pas que l’on meurt,
Et se couche sur la terre.

Le monde entier est à lui ;
Il s’empare de la vie :
Un jour pâtre d’Arcadie
Et peut-être roi la nuit !