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débouchés. Tout cela paraît bien ambitieux ; mais Miss Smedley a derrière elle son père, un organisateur de premier ordre. N’a-t-il pas su, au moyen de ce qu’il appelle l’Association sans but de bénéfice, amener à se soutenir par leurs propres forces les maisons de convalescence pour ouvriers de Birmingham (Convalescent homes of ihe Birmingham hospital fund), inaugurant à ses risques une expérience qui a pleinement réussi, puisqu’un quart de million de livres sterling (6 975 000 francs) a été levé en monnaie de cuivre dans l’espace d’une dizaine d’années ? Le versement était, je crois, de quatre pence par semaine. Cinq maisons, aménagées selon toutes les lois du confort et de l’hygiène, existent maintenant dans des sites pittoresques et salubres, les unes réservées aux souscripteurs, les autres à leurs femmes et à leurs enfans. Ce genre d’assistance amicale fait fortune en Angleterre ; on encourage les membres de telle ou telle association à marcher seuls en guidant leurs premiers pas ; il suffit d’un simple coup d’épaule. Quand le coup d’épaule est donné par des hommes de la force de M. Smedley, il ne peut manquer d’être efficace. Et puis les donations se succèdent, l’une entraînant l’autre, et voilà comment un club dont les premiers membres n’ont eu à payer que vingt-cinq francs de cotisation annuelle, plus les vingt-cinq francs d’entrée, peut faire face à des frais énormes. Une idée intéressante lancée à l’heure opportune est toujours bien accueillie : or le but principal du Lyceum Club a été parfaitement défini ainsi qu’il suit : l’union intime des femmes de lettres et de science, union d’autant plus profitable à chacune et à toutes que les représentantes des différens pays pourront être ainsi mises en rapports, soit personnellement, soit par correspondance, et que l’horizon de leur pensée s’en trouvera élargi.

Déjà le nombre est grand des étrangères en voyage qui viennent au Lyceum Club apprendre que l’Angleterre est par excellence la terre de l’hospitalité. Hospitalité prudente d’ailleurs et entourée de toutes les garanties, car chaque admission est discutée par un comité où figurent des noms tels que ceux de Lady Frances Balfour, de la comtesse d’Aberdeen, de Mrs Moberly Bell, la femme si distinguée de l’éditeur du Times, de Mrs Humphry Ward, de la duchesse de Sutherland, etc. Ce qui m’est apparu de ce Comité au lunch de bienvenue qui me fut offert, m’a paru réaliser avec autant de dignité que de grâce l’idéal de confraternité et de solidarité dont partout on parle en se bornant