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Depuis dix ans, nous disent les fondateurs, ces professions, intimement liées entre elles, sont devenues pour les femmes, dans le monde entier, un champ d’activité très important ; de leur union, naîtra une organisation considérable, ayant pour le bien commun une puissante influence, pratiquement utile aussi à chacun des membres en particulier.

Déjà 1 600 femmes de toutes nationalités sont inscrites. J’ai même rencontré dans nos salons de lecture une très jolie Indienne en costume de son pays et que, faute de savoir son nom, j’appelle, sous les draperies orange et jaune pâle qui vont bien à son teint d’ambre et à ses cheveux d’un noir bleuâtre, la princesse Badoure.

Des Lyceum Clubs tendent à s’établir dans les principales villes de l’Europe, à Paris, à Berlin, à Rome, en Hollande. Je ne sais ce que seront ces succursales indépendantes, mais le club de Londres est parfait. Qu’on se figure une des maisons élégantes à portiques de granit poli qui décorent l’extrémité de Piccadilly, voisine de Hyde Park Corner. Sous les tendines extérieures des balcons, quelques dames lisent ou causent assises à l’ombre, en face du Green-Park verdoyant de l’autre côté de l’avenue. Le hall, au rez-de-chaussée, est le théâtre d’un perpétuel va-et-vient ; on y passe, on s’y aborde avant de s’installer soit dans l’un des salons où à toute heure nous pouvons venir prendre le thé, en amenant nos amis, soit dans la « salle de silence, » où il est possible de travailler aussi tranquillement que chez soi, à portée d’une bibliothèque et d’une grande table couverte de revues, de journaux américains ou anglais. (Je souhaiterais que quelques journaux français y fussent joints.) Si vous ne voulez que remettre en ordre votre toilette, des lavabos, un coiffeur, une ouvrière armée de son aiguille vous attendent en permanence ! Montez l’escalier presque monumental. Vous trouvez au premier étage une salle de réception où la plus nombreuse compagnie circulerait à l’aise. De l’autre côté du largo palier, aux recoins garnis de divans, les salles à manger sont ouvertes, de huit à dix heures du matin pour le déjeuner, de une heure à deux heures pour le lunch, de sept à neuf pour le dîner et encore après le théâtre pour le souper. Il y en a une exclusivement destinée aux membres et où l’on dîne, si l’on veut, en costume de voyage ; dans l’autre, ces dames peuvent recevoir, de la façon la plus recherchée ou la plus simple à leur