Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 25.djvu/169

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Attachée au mur la photographie de l’Escalier d’Or de Burne Jones, prix récemment accordé au club des jeunes filles. Une cotisation hebdomadaire de deux pence leur donne droit à des classes de toute sorte. Les broderies qu’elles exposent ont été encouragées par le choix de la Reine. La musique est un de leurs plaisirs favoris. Des exercices de gymnastique trouvent place parmi les amusemens offerts à ces filles pauvres anémiées par la vie de fabrique et d’atelier.

Pendant cette rapide excursion où je n’ai fait qu’entrevoir les traits principaux du seulement, le flot des invités commence à se répandre. Bientôt nous sommes réunis dans la vaste salle à manger où le thé est servi, où se font des présentations qui m’amènent à reconnaître plusieurs membres éminens du clergé parmi les bienfaiteurs de l’œuvre : figures de gentlemen par excellence, très hautes et très dignes, animées d’une belle flamme de calme intelligence sans avoir d’ailleurs, malgré l’habit, rien de ce que nous appelons ecclésiastique. Il règne ici des influences religieuses, mais non pas confessionnelles. L’hymne du jour est affiché jusque dans le gymnase. Pour le moment, ce qui m’intéresse le plus c’est la physionomie des résidens payés ou volontaires, tous égaux par le dévouement. Figures bienveillantes, qui brillent d’un zèle joyeux. Mrs Ward avec son auxiliaire inséparable, l’aînée de ses filles et la secrétaire dévouée dont elle ne manque aucune occasion de vanter le mérite, en forme le centre. L’école des vacances lui doit d’exister à Londres depuis deux ans ; elle en a emprunté l’idée aux États-Unis : cette école sans livres, qui fonctionne pendant les grandes vacances, se propose de recueillir, pour leur apprendre à s’amuser honnêtement en développant chez eux l’initiative et l’imagination, les enfans des deux sexes que la clôture d’une douzaine d’écoles primaires soit communales, soit libres, où ils reçoivent l’instruction obligatoire, abandonnerait dans le quartier à un dangereux désœuvrement.

L’heure indiquée sur le programme sonne et l’école s’ouvre, nous donnant le spectacle de ce qui s’accomplira tous les jours deux fois, à dix heures et à cinq heures, les enfans divisés en dix classes étant trop nombreux pour être admis ensemble.

Dans la cour, entre les deux bâtimens qui abritent la colonie, les voici rassemblés, garçons et filles de cinq à quatorze ans. Ils sont proprement vêtus, et il y en a de jolis, mais les visages