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IMPRESSIONS D’ÉTÉ
Á LONDRES


I. — L’ECOLE DES VACANCES DE MRS HUMPHRY WARD

J’arrive au moment où finit la saison, où le monde se disperse, où se ferment les théâtres, où il n’y a dans Rotten-Row ni escadrons d’amazones, ni défilés d’équipages ; tout au plus entreverrai-je, avant la clôture, l’exposition annuelle des Beaux-Arts, assez médiocre, à un chef-d’œuvre près, le portrait de Mme Wertheimer par Sargent. (Cette famille israélite porte bonheur au peintre américain.)

Le moment serait mal choisi pour faire connaissance avec Londres ; il est en revanche excellent pour le revoir. Je ne rencontre dans Hyde Park que des troupeaux de moutons, qui broutent l’herbe restée miraculeusement fraîche sous le souffle d’un été brûlant ; j’ai les galeries presque à moi seule, hormis quelques rares groupes de badauds étrangers, plus nombreux qu’ailleurs dans la salle vénitienne de la National Gallery ; on leur a dit qu’il fallait aller y admirer une acquisition nouvelle, le portrait de l’Arioste par Titien, ou plutôt la manche de l’Arioste, une manche de satin gris, ouaté, capitonné, souple, chatoyant, bref un morceau de peinture à ravir tous les costumiers du monde.

La première impression que fait sur moi l’immense ville au repos, dont les rumeurs étourdissantes s’apaisent, sauf dans cette partie qui jamais ne dort, la Cité, ma première impression après des années, est toute d’étonnement admiratif. Débordant de