peut-il lui dire ? Voltaire peut être considéré, à son sens, comme penseur et comme écrivain ; il le blâme comme philosophe, il ne saurait en faire assez de cas comme homme de lettres. Ainsi son épître se divise en deux parties : elle commence par être philosophique et finit par être purement littéraire. La première partie est une imitation visible de l’Homme, de Lamartine. Le lord Byron d’Alexandresco est Voltaire. Il le compare encore plus volontiers à Satan. Comme Satan, il a chassé l’homme du paradis. « L’espoir, ce fruit céleste des âmes, tu l’as foulé aux pieds… Et que nous as-tu laissé en place ?… Des meurtres et des débauches ; tes livres ont-ils produit autre chose ? » Le poète valaque félicite néanmoins Voltaire de son talent, et d’appartenir à la noble race française… Mais, heureux surtout Voltaire et les Français pour leur langue qui est toute formée, toute préparée à recevoir les belles pensées, les hauts sentimens !
- Nous n’en sommes pas encore là ; nous devons former notre langue.
- Nous devons nous frayer nous-mêmes les sentiers par où nous voulons passer
- Et enlever leurs chardons à des campagnes qui n’ont jamais été labourées.
Le nom de Voltaire revient à plusieurs reprises dans l’œuvre littéraire d’Alexandresco. Celui dans son enfance qui avait appris par cœur Mérope, avait donné aussi une traduction d’Alzire en 1834. Mais en 1838, il fut surtout furieux de la façon dont deux de ses compatriotes, Héliade et Pogor, s’étaient permis de rendre en roumain quelques-unes des œuvres du grand écrivain, et il leur adressa cette épigramme :
- Dans l’enfer, il y a un certain nombre de jours, plusieurs défunts
- Signèrent une pétition, par laquelle ils demandaient
- Que l’on punît le sieur Voltaire
- Pour toutes les calomnies qu’il avait débitées sur leur compte
- Pendant son existence.
- — Messieurs, s’écria Voltaire, tout colère,
- La pétition que vous venez de signer est inutile.
- Quelle punition me désirez-vous encore ? quel mal voulez-vous me faire ?
- Je vous croyais assez satisfaits
- Après ce qui m’est arrivée dernièrement à Bucarest,
- Où deux de mes pires ennemis m’ont traduit… vous savez bien de quelle manière !