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l’expérience, par la tradition, par des souvenirs glorieux, il n’a qu’à les conserver.


V

La première ordonnance sur l’avancement date du 17 mars 1788. Jusque-là, il n’y avait eu aucune règle pour l’avancement. Les charges s’étaient multipliées inutilement, surtout dans la Maison du Roi.

Louis XVI s’émut de ces abus et fit réunir un conseil de guerre pour donner une constitution à l’armée. En ce qui concerne notre étude, on remarque, dans l’ordonnance de 1788, que « le Roi n’appellera à occuper les grades de major et de colonel que des sujets proposés par le secrétaire d’État de la Guerre, sur une liste de présentation arrêtée par le Conseil de guerre. » C’est l’origine des commissions de classement.

La loi du 29 octobre 1791, développée avec éloquence par Alexandre de Lameth, devant la Constituante, fut fondée sur l’ancienneté tempérée par le choix. Elle définissait les droits des deux modes d’avancement pour chaque grade.

Bientôt, dans la tourmente révolutionnaire, il se produisit des difficultés pour combler les vides dans les différens grades d’officiers. La loi du 24 août 1792 autorisa le pouvoir exécutif à choisir et à nommer, aux places de l’armée, tous les citoyens capables de les remplir.

De nombreux bataillons de volontaires furent créés ; ils nommèrent leurs officiers à l’élection. Beaucoup de ces bataillons se conduisirent bien au feu. La Convention s’occupa de les amalgamer avec l’armée de ligne, et, par la loi du 27 février 1793, introduisit dans toute l’armée le mode d’avancement des volontaires à l’élection par les inférieurs ; un tiers des places seulement étant réservé à l’ancienneté.

Deux ans après, la loi du 3 avril 1795 substitua, au système déplorable de l’élection par les inférieurs, l’élection par les officiers du grade à atteindre et des grades supérieurs. Un tiers des grades était réservé à l’élection ainsi comprise ; un tiers à l’ancienneté ; un tiers au Corps législatif.

Cette loi ne fut pas abrogée sous le Consulat et l’Empire. On se borna à l’appliquer incomplètement. Peu à peu, l’élection ne se fit plus. Napoléon trouva commode de laisser subsister « des