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professeurs se consacrent exclusivement à leurs cours de l’Académie.

La durée des cours est de trois ans. A la fin de chaque année, examens écrits dont les sujets sont choisis « de manière que les officiers soient obligés de faire appel plutôt à leur jugement qu’à leur mémoire. » — Les examens oraux ne sont pas en honneur à l’Académie de guerre ; on leur reproche de permettre à l’aplomb et à ; la faconde des candidats d’y jouer un trop grand rôle.

Au bout des trois années d’études, après un voyage d’état-major final, et souvent décisif pour leur carrière, les élèves retournent à leurs corps, munis d’un certificat. Leurs notes sont soumises au chef d’état-major général de l’armée, qui désigne les élus, appelés à faire un stage au grand état-major.

Ce stage dure trois ans ; au bout de chaque année, on élimine un certain nombre de stagiaires. On en maintient définitivement dans l’état-major de 15 à 25 par promotion. Les officiers non maintenus retournent à leurs corps. Beaucoup d’entre eux sont affectés à l’ « adjudantur. »

Il y a là une sélection très serrée, qui tend à n’introduire dans le service d’état-major que des sujets d’une valeur éprouvée. Est-ce à dire que tout se passe bien conformément aux règles d’une équité absolue, que des questions de relations, de familles, ne viennent pas parfois primer l’aptitude au travail, la science, l’acquis ? Il est probable que, parmi les officiers renvoyés à leurs régimens, il y en a, — et il y en aura toujours, — qui, en se comparant à leurs camarades plus heureux, se demandent à quoi leur a servi de les avoir dépassés par le travail, l’intelligence, les aptitudes réelles, et que quelques-uns murmurent contre les protections (Konnexionen). Il est probable que la faveur intervient un peu, même à l’Académie et au grand état-major de Berlin. Mais il est certain que cette faveur ne peut s’exercer qu’au milieu d’officiers tous très distingués, et que les élus sont tous très bons, sinon les meilleurs.

L’état-major allemand relève uniquement du chef de l’état-major général et de l’Empereur. Son organisation est régie, non pas par des lois ou des règlemens, mais par des traditions qui sont fidèlement suivies et qui, sous la haute surveillance du souverain, vont en se perfectionnant sans cesse. Le personnel des officiers d’état-major ne dépasse guère 200. Ils se