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agressive, une perçante sagacité signalaient aux représailles de la calomnie, autour duquel elle avait murmuré, qui en avait été blessé, et à qui il en lestait une amertume, un besoin d’affirmer, au prix de la vie, sa ferveur républicaine.


Une troisième fois, passons. Passons J.-B. Clément, « chansonnier à tournure de brigand d’opéra-comique : poète des humbles, dont les refrains sentimentaux, fredonnés au boulevard comme dans les ateliers, ont pour accompagnement la sourdine des tambours de Santerre ; » Cournet, » bon gros garçon affable » qui fait, sous Delescluze, du jacobinisme ; Miot, « détritus de 48, hanté par le spectre de 93, noble tête de vieillard à cervelle puérile, éloquence qui radote ; » le député Gambon, « l’homme à la vache. » Passons même cette « jeune, noble, ardente figure, une des plus sympathiques de l’époque, Gustave Flourens, fils du savant fameux, ayant lui-même professé au Collège de France où le faisait révoquer son indépendance, allant porter à l’insurrection de Crète un chevaleresque dévouement, rapportant à l’attaque de l’Empire sa frénésie, adjoint de Belleville où on l’adorait, cœur sur la main, bourse ouverte, promenant aux remparts avec une vanité naïve ses galons de major et, le 31 octobre, à l’Hôtel de Ville ses bottes rageuses sur la table du Conseil, d’où il eût voulu chasser les discoureurs incapables, les avocats qui perdaient Paris. »

Un petit groupe se forme à l’écart et se serre autour de quelqu’un qu’on ne voit pas, comme une enveloppe de mystère. C’est Gustave Tridon, qui, « de son talent, de sa grande fortune, de sa personne, a payé au service de la cause, quand elle semblait sans avenir ; » mais qui « n’a, pour la servir aujourd’hui, qu’une âme usée, dans un corps débile. » C’est Protot, le garde des sceaux de la Commune, « avocat pauvre et laborieux, qui, quoique instruit, intelligent, n’a pas la flamme de l’esprit, reste confiné à la rigueur de la lettre. » C’est « le général » Eudes, « ancien garçon pharmacien, puis correcteur d’imprimerie, puis gérant de la Libre Pensée, au total un esprit faible, rien qui remplisse la peau de son rôle, sa prestance de beau figurant. » Le « beau figurant » est en effet un personnage de la Commune, ou, plus généralement, c’est en effet un personnage de révolution, tout comme l’infirme ranci et enrageant dans son infirmité.

Raoul Rigault est plus près du beau figurant. « De bonne