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nous suffira de rappeler que, de tout temps, les deux sciences, physique et chimie, se sont prêté un mutuel appui. Victor Regnault a commencé ce grand mouvement de la physicochimie, agrandi par les travaux de Joule, illustré par les brillantes découvertes de Deville et poursuivi ensuite avec tant d’éclat par Gibbs, Van der Vais, Van’t’ Hoff et Arrhénius.

Dans un ordre d’idées différent, nous rappellerons les beaux travaux de Pasteur sur la dissymétrie moléculaire qui ont été le point de départ des recherches si originales de Lebel et de Van’t’Hoff sur l’isomérie des corps doués de pouvoir rotatoire. A chaque instant la chimie minérale s’appuie sur les données de la physique. La détermination des constantes physiques se poursuit chaque jour dans le laboratoire. Souvent, c’est le seul gage de la pureté de nos produits. Dans les cas douteux, où il devient difficile d’établir un poids atomique, la loi de Dulong et Petit nous donne de précieux enseignemens. Enfin toute la thermo : chimie, établie avec tant de succès par Berthelot et par Thomsen, n’utilise que les méthodes de la calorimétre.

Il est une autre partie de la physique qui est appelée à rendre des services à la chimie minérale et qui, dans ces dernières années, a pris un grand développement : nous voulons parler de l’obtention facile des hautes et des basses températures. Dans la métallurgie et la céramique, l’industriel, depuis des milliers d’années, a utilisé de hautes températures pour obtenir des métaux, des verres et des terres cuites. Ces températures élevées étaient produites par la combustion du bois ou du charbon. Plus tard, les savans ont concentré la chaleur solaire au moyen des miroirs et des verres ardens pour réaliser quelques expériences intéressantes. Il y a deux siècles, l’importance de l’action de la chaleur dans les différentes réactions était si bien appréciée qu’elle a servi de base à la théorie du phlogistique de Stahl. Et lorsque la chimie s’est constituée à l’état de science, les idées de Lavoisier sur la combustion ont été le point de départ de cette profonde transformation.

L’emploi du chalumeau à hydrogène et à oxygène permit, en 1802, à Robert Hare, professeur à Philadelphie, d’obtenir des températures plus élevées que celles des fours industriels les plus puissans et de réaliser en petit plusieurs expériences très curieuses, telles que la fusion du platine et la volatilisation de la silice. On sait quelle heureuse application Deville et Debray