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de différentes essences, etc., etc. La force vitale admise par Berzélius, par Liebig et par Gerhardt n’existera plus. L’homme, dont le pouvoir est borné en tant de choses, peut faire la synthèse de la matière organique inerte.

Les schémas de Kékulé viendront bientôt donner à la chimie organique une orientation nouvelle ; la reproduction des composés les plus compliqués se poursuivra avec succès. Graebe et Liebermann feront la synthèse de l’alizarine et, plus tard, dans une magnifique étude de l’indigo, Baeyer pourra annoncer que la place de chaque atome de la molécule de cette matière colorante a été déterminée par l’expérience. De ces recherches, sortiront les différentes synthèses de l’indigo. Enfin Emil Fischer vient de réaliser les synthèses des sacres et d’ouvrir ainsi à la biologie de nouveaux horizons.

Depuis une cinquantaine d’années, la chimie du carbone a formé un chapitre à part et nous avons eu le merveilleux spectacle de son développement et de ses importantes applications industrielles. Au point de vue de la recherche, la chimie organique, dont les théories fécondes se sont transformées lentement, n’éprouve plus aucune difficulté pour établir la composition des innombrables dérivés qu’elle étudie. Au contraire, la chimie minérale, qui a suscité tant d’efforts pour établir l’analyse qualitative et quantitative des différens composés, est loin d’être parfaite. Cette partie de la science est encore en évolution : c’est que certains élémens sont incomplètement étudiés.

Le grand nombre de corps simples que comprend la chimie minérale augmente cette difficulté.

Lorsque les poids atomiques eurent été en partie établis, l’effort qu’a nécessité l’étude de la chimie organique a fait diminuer le nombre des recherches de chimie minérale. Mais aujourd’hui que les grandes lignes de la chimie organique sont tracées, et qu’à la place de la forêt vierge, comme le disait Hofmann, on voit apparaître une ville entière, harmonieusement tracée, l’étude de la chimie minérale a été remise en honneur.

Cependant cette chimie minérale poursuivait ses découvertes. Un certain nombre d’élémens nouveaux, rares pour la plupart, ont été isolés dans les trente dernières années. Lecoq de Boisbaudran, en 1875, a retiré de la blende des Asturies un nouveau métal bien curieux fondant à 30°, le gallium. Winkler, à la suite