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la lumière ; il renferme donc du phlogistique. Lorsque l’on chauffe une chaux, c’est-à-dire un oxyde métallique, avec du charbon, il fixe ce phlogistique et donne un métal.

C’étaient là des idées importantes, parce qu’elles permettaient de réunir, en un corps de doctrine, les phénomènes d’oxydation et de réduction.

Tel était l’état de la science, lorsque Lavoisier, à la suite d’expériences mémorables, développa la notion de corps simples. Ce grand savant fit voir que le même corps peut changer d’état et il dégagea nettement, dans les phénomènes de la chimie, d’une part les poids des corps mis en réaction, et, d’autre part, la chaleur mise en liberté. En pesant les corps simples qui s’unissent entre eux et en pesant le composé produit, il établit nettement l’équation pondérale de la réaction chimique. En mesurant au calorimètre les chaleurs dégagées, il sépara la matière pondérable des agens impondérables. Toutes ces vues, d’ailleurs, se tenaient logiquement entre elles, et il était impossible d’étudier les phénomènes de la combustion, si l’on ne se faisait pas une idée exacte du passage d’un corps de l’état solide à l’état liquide et à l’état gazeux.

Nous n’avons pas besoin de rappeler ici les expériences de Lavoisier sur la composition de l’air et de l’eau, sur l’augmentation de poids des métaux lorsqu’ils s’oxydent, sur les phénomènes de la combustion, de la respiration et de la production de la chaleur animale, de la fermentation, enfin la création de la nomenclature. Ces idées nouvelles ont renversé la théorie du phlogistique. Elles ont apporté de la clarté dans les laborieuses recherches des alchimistes, elles ont préparé la voie à l’étude de la chimie organique et de la chimie biologique ; elles ont donné aux réactions chimiques la rigueur et l’exactitude. En un mot, elles ont fondé la chimie à l’état de science.

A partir de cette époque, nous pouvons diviser en trois grandes périodes les multiples recherches qui seront poursuivies dans différens pays. Dans une première période, se dégagera l’idée des élémens. Dans une deuxième, les lois chimiques seront établies, et, dans une troisième, on déterminera les poids atomiques de ces mêmes élémens.

La première période comprend les études d’un grand nombre de chercheurs, mais, parmi ceux-ci, quatre noms émergent au-dessus de tous les autres : Scheele, dont le génie