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vert des mines de charbon à Mo-ch’i-Shan et Tz’mershan près de Liao-Yang, et à Wa-fung-tien dans le sud de la presqu’île de Liao-tung. La ligne du chemin de fer longe ces riches exploitations. Une expansion commerciale sans précédens a accompagné ces développemens et s’est manifestée par un surcroît de 49 pour 100 sur 1898.

Les principaux articles du trafic de ce port sont les fèves et le gâteau de fèves, avec une exportation de 2 241 053 piculs des premières et 2 289 544 piculs du second, en 1899. La quantité nette d’opium importée en 1898 a été de 92 piculs contre 2 453 en 1879. L’importation de l’opium n’a presque pas cessé de décliner au cours des dernières années, le pavot étant largement cultivé et avec succès en Mandchourie. Le chiffre total du trafic du port, pour 1899, s’est élevé à 48 357 623 taels contre 32 441 315, en 1898. Le port a figuré avec éclat dans les troubles de Chine en 1900 ; les troupes chinoises qui attaquèrent la ville y furent défaites par les Russes qui prirent possession du port. Le commerce en 1900 fut nécessairement suspendu. »

Niou-tchang est une révélation pour moi. Je vois pour la première fois une vraie ville chinoise dans toute son immensité, son inextricable labyrinthe de rues et de ruelles, débordant d’une population innombrable. Toutes les idées semblent différer entièrement des nôtres : les édifices et les gens paraissent appartenir non seulement à un autre hémisphère, mais à une autre planète ; les lignes sont si étranges, le coloris si brillant, les sons si aigus que l’on est assourdi, aveuglé et étonné en même temps. Outre la ville de terre ferme, il y en une autre, une ville flottante sur la rivière. Le Liao, qui a un peu plus d’un demi-mille de largeur à cet endroit, est littéralement couvert de bâtimens de toute sorte. C’est un fourmillement pressé de vastes chalands, de petits bateaux et de jonques de bois. Chacun est un logis qui abrite généralement une, mais quelquefois plusieurs familles, avec leurs biens et meubles, tandis qu’enfans, porcs et volailles grouillent sur le pont. Ceux qui peuvent se le permettre ont de vraies maisons d’été, construites comme des pagodes, meublées d’un coûteux bric-à-brac et entourées de jardins artificiels que font des arbres nains cultivés dans des vases de prix. Parmi cette confusion de bateaux, d’étroites ruelles restent libres sur l’eau, où de gracieux canots, comme des gondoles, glissent et serpentent. Sur la terre et sur la rivière, la cohue des êtres