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l’adopter. Il a considéré comme plus efficace de consentir aux armateurs, dont les navires auraient été construits en Russie et avec des matériaux russes, des prêts jusqu’à concurrence de 50 pour 100 de la valeur de ces navires. L’amortissement de ces prêts, consentis pour vingt années, s’opérera graduellement, au moyen d’annuités fixes. Ils ne s’appliqueront qu’à des vapeurs construits d’après les règles établies par le Lloyds Register anglais, et classés dans la première catégorie. L’Etat assume en outre l’obligation de pourvoir à l’assurance de ces navires jusqu’à concurrence des deux tiers de leur valeur, contre paiement d’une prime d’assurance de 2 pour 100 seulement ; les armateurs sont libres de recourir à des Compagnies privées pour assurer le tiers restant.

Ainsi que l’ont fait remarquer les journaux russes en avril 1902, époque où cette promesse a été publiée, c’est là un privilège considérable que l’Etat accorde aux armateurs : le taux de la prime d’assurance à payer aux Compagnies privées, pour un navire de premier ordre, ne descend guère au-dessous de 6 pour 100. En outre, la plupart des Compagnies d’assurance exigent des armateurs dont les navires ne sont pas classés dans un registre faisant autorité, tel que le Lloyds Register ou le Veritas français, le paiement d’une surprime de 2 pour 100, parce qu’elles se défient de la qualité de la construction et de l’expérience du capitaine. Du jour où les constructions navales seront contrôlées en Russie par des fonctionnaires compétens et inspirant confiance, et qu’il sera ouvert un registre faisant autorité dans le monde, les navires russes auront chance de jouir de l’égalité de traitement avec ceux des autres nations.

Enfin, les armateurs russes vont être appelés à bénéficier d’un privilège dont ils ne jouissent en aucun autre pays : l’Etat leur remboursera la moitié de la valeur du combustible russe consommé par leurs navires, chaque fois que ces derniers auront pris dans un port russe, à destination de l’étranger, un chargement égal aux trois quarts de leur capacité, ou, à destination d’un autre port russe, un chargement égal à la moitié de leur capacité. Ces diverses mesures constituent un effort intéressant et ingénieux pour trouver, en dehors du système français des primes, de nouveaux moyens de venir en aide à la construction et à l’armement nationaux.

Dans le courant de la même année, le Conseil de la marine